Après des mois sans aucune arrestation dans l'assassinat de sa fille, Mildred Hayes (Frances McDormand) décide de réagir, en payant pour afficher sur trois panneaux des messages à l'attention du chef de la police locale, William Willoughby (Woody Harrelson) sur une route secondaire. De sa maison, Mildred voit au loin ces trois panneaux. Sa décision attire les médias locaux et la foudre de Dixon (Sam Rockwell), l'assistant du shérif.
Mildred est désespérée, sa fille avait quitté le domicile un soir, en colère contre elle et n'est jamais revenue. Son corps, carbonisé, a été retrouvé entre deux panneaux. Depuis, aucune arrestation n'a été faite. Red Wilby (Caleb Landry Jones) accepte donc la demande inhabituelle de Mildred mais le jeune homme ignore que cette décision va faire boule de neige et provoquer une multitude de réactions.
Dont celle de l'ex-mari de Mildred, Charlie (John Hawkes) qui l'a quitté pour une jeunette naïve âgée de 19 ans prénommée Anne. Charlie est un ancien flic qui était violent envers Mildred et ne se remet pas de la mort de sa fille. Les parents ne se sont pas rapprochés à la mort de leur fille, elle n'a fait qu'exacerber leur amertume.
La guerre est donc déclarée entre Mildred et la police locale, et l'effusion de sang peut commencer, et le premier tiers du film va dans ce sens. Mais la surprise de ce film, c'est qu'il n'est pas réalisé par Tarantino, et que la colère et la haine vont céder la place à la compassion et à la générosité. Dévorée par la haine, l'impuissance et la culpabilité, Mildred ignore parfois qu'elle fait du mal à son fils adolescent, et qu'elle refuse de voir que tout n'est pas noir. Mais les évènements provoqués par sa décision vont l'amener à affronter ce qu'elle refusait de voir.
Tous les personnages de ce film vont se révéler sous un nouveau jour, que ce soit Willoughby et surtout Dixon. Il n'y a jamais qu'une seule facette dans ce film, les personnages sont multidimensionnels et surprenants. Je défie quiconque de ne pas être ému ou touché par Dixon, pourtant raciste et ignorant ! Les scènes avec sa Momma (Sandy Martin) sont exceptionnelles.
C'est ce qui surprend dans ce film, sa profonde humanité. Un scénario déroutant qui m'a totalement pris au dépourvu, surtout après avoir vu à trois reprises la bande-annonce. Rarement un film ne m'aura autant surpris. J'avais bien aimé le précédent film de Martin McDonagh, réalisateur anglais, Bons baisers de Bruges. Le réalisateur portait déjà un regard aimant et protecteur envers ses personnages. Il confirme tout son talent et traite avec délicatesse et grâce d'un sujet grave, la mort d'un enfant.
L'autre excellente surprise est implement Ebby, petite ville frontière du Missouri et ses majestueuses montagnes, au pied duquel s'élancent les trois panneaux. Je n'avais qu'une envie, dénicher le lieu du tournage pour pouvoir m'y rendre.
Frances McDormand porte magnifiquement la douleur d'une mère dans le rôle de Mildred, un rôle sublime. Comme Sam Rockwell, tous deux méritent amplement leurs récompenses aux Golden Globes. Je tire aussi mon chapeau à tous les rôles secondaires, Woody Harrelson, en tête, bien sûr, très émouvant (je repense à sa dernière scène, magnifique), mais aussi John Hawkes, acteur discret que j'adore et puis Caleb Landry Jones, mon "Red" (rouquin) préféré ! J'étais ravie de le retrouver, et la présence surprise de Peter Dinklage en amoureux discret. Et j'allais oublier le rôle de la jolie idiote magnifiquement interprétée par Abbie Cornish et celui de la mère de Dixon, une vieille femme aigrie et vile, magnifiquement jouée par Sandy Martin.
Martin McDonagh a écrit et réalisé un magnifique film auquel il faut ajouter une super bande-annonce, qui vous surprend dès le début avec de l'opéra.
Si vous aimez les films des frères Cohen ou la poésie de Comancheria alors foncez voir ce film !
Mon avis : ♥♥♥♥♥♥
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