Il y a huit jours, j'ai eu la chance d'avoir une visite guidée hors des horaires d'ouverture au Château des Ducs de Bretagne, dans le cadre de l'exposition Icônes - Trésors de réfugiés.
J'avais depuis longtemps prévu d'aller la voir mais le temps passant, l'arrivée du froid avaient eu raison de mon envie mais cette invitation - impossible de dire non ! J'adore l'idée d'organiser ce genre d'évènements pour les abonnés. Il faisait donc nuit noire quand je suis arrivée au château. Notre guide nous attendait et nous avons tous reçu un amplificateur de son, ce qui vous permet d'entendre tout le temps la voix de votre guide tout en vous déplaçant à votre guise.
L'autre fait : j'ignorais quel était l'objet exact de cette exposition - des icônes et des réfugiés. Et en plus de découvrir une superbe expo, j'ai eu droit à un cours d'histoire passionnant et qui a, alors que la crise syrienne pousse des milliers de gens à l'exil, un écho particulier.
Lorsque la première guerre mondiale éclate en 1918 - le territoire grec byzantin s'étend de la Grèce à la Cappadoce - une région située en Turquie - au bord de la mer Egée dont la ville principale est Smyrne. La ville est à l'époque très réputée (Hercule Poirot?) et de nombreux touristes y viennent, une communauté internationale y vit - les images diffusées au musée montre une ville relativement moderne et grecque. Or Grecs et Turcs s'affrontent et la fin de la guerre désigne un vainqueur : la Grèce et un perdant : l'Empire Ottoman qui s'est écroulé.
Dans le cadre des transactions post-guerre, les Grecs obtiennent de la Société des Nations (ancienne ONU) le droit d'envoyer des troupes armées à Smyrne. Malheureusement, les troupes arrivent en vainqueur et ne se contentent pas de la région byzantine orthodoxe (la côte et Smyrne), ils entrent dans les terres, provoquant la colère des Turcs - qui ont vu leur leader Mustafa Kemal émerger - les Turcs repoussent les Grecs et une nouvelle guerre s'engage entre les deux nations.
Celle-ci voit la victoire des Turcs sur les Grecs en 1922, créant un nouvel exil : plus de 1 300 000 Grecs (et autres minorités non Turques) sont expulsées et la ville de Smyrne connaît un immense incendie. Les Français, présents dans la région à l'époque rapportent des photos, témoignages des horreurs perpétrées et l'incendie de la ville est même filmé. Ce dernier choque toute la communauté internationale et fait les gros titres - selon les affinités des peuples. Un accord est alors négocié et signé en 1923 : il s'agit du traité de Lausanne qui met fin au conflit après quatre ans de guerre.
Mais ce traité est à double tranchant : il impose "un échange de populations" basé uniquement sur l'appartenance religieuse - ces populations, qu'elles soient orthodoxes, musulmanes ou chrétiennes ont deux ans pour quitter leur pays respectifs. Le résultat : plus de 1300 000 Grecs ottomans doivent quitter Smyrne et la Turquie, et 400 000 musulmans qui vivaient pacifiquement en Grèce doivent à leur tour quitter leur pays et rejoindre la Turquie - tous doivent y laisser tous leurs biens.
A l'époque, la Grèce ne compte que 6 millions d'habitants et l'arrivée de plus d'1 million de personnes va évidemment provoquer des tensions. Même s'ils parlent la même langue et partagent la même religion, les Grecs ont une vision plutôt négative des migrants ottomans. Étrange de revoir la carte et de savoir qu'aujourd'hui, des milliers de migrants prennent aussi les mêmes risques pour arriver en Europe.
Ces migrants ont du tout laisser derrière eux et les seuls objets de valeur qu'ils emportent sont les fameuses icônes orthodoxes - souvent des triptyques, petits et de famille. Certains choisissent de s'installer en France, ainsi ils sont nombreux à s'installer à Marseille où une communauté et une église orthodoxe les attendent. Leurs icônes sont surnuméraires et le chef religieux décide de les laisser au grenier. 1922 - 2016 : lorsque Nantes décide d'organiser cette exposition, ils cherchent à entrer en contact avec les familles de ces réfugiés venus en France - à Nantes, la communauté grecque est arrivée lorsque la première guerre a éclaté. Ils vont donc à Marseille où ils découvrent de vrais trésors, laissés à l'abandon depuis presque cent ans - recouvert de suie. Après un long travail de restauration, ils sont aujourd'hui exposés au vue de tous.
Une exposition très émouvante et qui ne peut que nous faire réfléchir sur la situation des migrants aujourd'hui et sur ces traités pris à en petit comité (les vainqueurs au lendemain de la guerre ici) mais qui peuvent bouleverser la vie de millions de personnes. Cette exposition a été réalisée en partenariat avec le Musée Byzantin et Chrétien d'Athènes.
Je ne vous indique pas les coordonnées car l'exposition a pris fin depuis. Mais elle va voyager puisqu'apparemment elle va aller à Paris.
Les familles aisées possédaient une pièce dédiée aux icônes. Ceux-ci n'étaient pas uniquement des objets religieux, ils rythmaient la vie quotidienne de leurs propriétaires : naissances, mariage, décès.
Les familles aisées s'offraient des "masques" - ici, il suffisait d'ajouter le visage de l'icône, ici Gabriel.
Une des rares photos de ces migrants forcés de quitter leur pays. Une très belle exposition qui j'espère va voyager dans toute la France.
Ces migrants ont du tout laisser derrière eux et les seuls objets de valeur qu'ils emportent sont les fameuses icônes orthodoxes - souvent des triptyques, petits et de famille. Certains choisissent de s'installer en France, ainsi ils sont nombreux à s'installer à Marseille où une communauté et une église orthodoxe les attendent. Leurs icônes sont surnuméraires et le chef religieux décide de les laisser au grenier. 1922 - 2016 : lorsque Nantes décide d'organiser cette exposition, ils cherchent à entrer en contact avec les familles de ces réfugiés venus en France - à Nantes, la communauté grecque est arrivée lorsque la première guerre a éclaté. Ils vont donc à Marseille où ils découvrent de vrais trésors, laissés à l'abandon depuis presque cent ans - recouvert de suie. Après un long travail de restauration, ils sont aujourd'hui exposés au vue de tous.
Une exposition très émouvante et qui ne peut que nous faire réfléchir sur la situation des migrants aujourd'hui et sur ces traités pris à en petit comité (les vainqueurs au lendemain de la guerre ici) mais qui peuvent bouleverser la vie de millions de personnes. Cette exposition a été réalisée en partenariat avec le Musée Byzantin et Chrétien d'Athènes.
Je ne vous indique pas les coordonnées car l'exposition a pris fin depuis. Mais elle va voyager puisqu'apparemment elle va aller à Paris.
Les familles aisées possédaient une pièce dédiée aux icônes. Ceux-ci n'étaient pas uniquement des objets religieux, ils rythmaient la vie quotidienne de leurs propriétaires : naissances, mariage, décès.
C'est super bizarre, c'est la 3e fois que j'écris ce commentaire, et ça plante à chaque fois : l'expo a l'air super intéressante, je guetterai son arrivée à Paris :)
RépondreSupprimerma mère va également être intéressée, elle adore la Grèce, y a passé beaucoup de temps et parle grec couramment... On a d'ailleurs des icônes à la maison...et des amis qui habitent à Athènes dans le quartier de "Nea Smyrne"...
oh c'est super ! à la fin de l'expo, il diffuse une chanson écrite sur cet évènement - une femme chante, c'est magnifique (j'ai oublié le titre malheureusement). Désolée, si ça plante ! oui j'espère que cette expo va voyager car elle est magnifique et parle d'une histoire qu'on a oublié et qui permet de mieux comprendre les tensions entre les deux pays et Nea Smyrne ça veut tout dire !
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