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16 mars 2016

Room


J'avais très envie d'aller voir Room dès sa sortie au cinéma suite aux nombreuses critiques très positives. Je suis assez prévisible, dès que j'ai un coup de coeur après une séance ciné, je cours rédiger ma chronique. Et bien ce coup-ci, j'ai totalement oublié ! Mauvais signe me direz-vous .. eh bien ..

Room, réalisé par Lennie Abrahamson est une adaptation du roman éponyme d'Emma Donoghue. L'histoire est celle de Jack, un petit garçon de 5 ans, vif, drôle et très curieux qui vit avec sa maman (Brie Larson). Celle-ci s'occupe de lui du mieux qu'elle peut, car Jack et sa mère sont enfermés dans une seule pièce, d'environ 10m2.  Un velux est leur seule source de lumière naturelle et la trace des saisons qui défilent, avec la neige, la pluie ou le vent qui déposent les feuilles, vertes ou rouges. La maman de Jack, "Ma", a créé tout un univers pour son fils. 
Le monde est cette unique pièce, les gens dans la petite télévision dont l'image saute éternellement ne sont pas réels. Seule cette pièce l'est. Et ce vieux Nick qui vient régulièrement rendre visite à Ma, est-il réel ? Jack se pose la question. A chacune de ses visites, Jack est couché dans la penderie, portes fermées. Interdiction pour lui de s'approcher. L'homme parle peu et son humeur est très volatile. 
La vie de Jack est donc confinée dans cet espace, son unique espace, l'espace des jeux et de l'apprentissage. L'amour fusionnel de sa mère semble suffire à Jack qui fête ses cinq ans. Mais son esprit ne cesse de grandir et la curiosité de pointer le bout de son nez. 

Ma ne supporte plus les visites de Nick et les crises (colère, tristesse) de son fils. Il grandit et elle n'arrive plus à lui mentir. Elle décide alors de tenter le tout pour le tout en organisant l'évasion de son fils. 

Si vous n'avez pas vu la bande-annonce ou lu le livre, vous pouvez vous arrêter de lire car après, je livre une part importante du film : la seconde moitié de l'histoire. Jack et Ma vont devoir, après des années d'enfermement (8 ans pour Sue et 5 ans pour Jack), affronter un autre challenge : le monde extérieur. 


En premier lieu, la première partie du film est vraiment pesante. Même si Jack est drôle, sautille, s'amuse et semble trouver normal de vivre dans une seule pièce dont l'entrée est farouchement gardée par une porte munie d'un digicode, reste la détresse de sa mère. L'horreur même de sa situation, qui perdure depuis des années et les visites de ce vieux Nick. Ici, rien n'est caché. La maman de Jack a de fréquentes crises de désespoir et son fils et elle s'affrontent de plus en plus, la promiscuité faisant son oeuvre.

La seconde est tout aussi intéressante, Jack et sa mère découvrent (ou redécouvrent) le monde, vaste, moderne, bruyant .. et j'ai surtout aimé la famille de Sue, sa mère (formidable Joan Allen), le beau-père qui va jouer un rôle essentiel dans le développement de Jack, son ouverture aux autres. 

Après, que dire ? Que tout est prévisible? On ne peut pas sortir de 8 ans d'enfermement sans s'écrouler après. Qu'attendais-je de ce film ? Je crois avoir lu trop de choses, autour de cas réels déjà très médiatisés comme la jeune Natacha Kampusch ou les trois américaines séquestrées pendant dix ans (Michelle, Amanda et Gina) dont une aura un enfant également.  Je parle ici donc de la mère dont l'évasion se traduira peu de temps après par une grave dépression. Mais est-ce surprenant ? Pas pour moi. Alors oui, je me suis sentie triste pour elle.  Je trouve sa réaction presque plus normale que celle de l'enfant qui semble vivre tous ces changements comme il vivait sa vie précédente, sans se poser de questions. 



La seule scène qui m'a tenu en haleine, où j'ai, comme le reste de la salle (et même si je connaissais la suite dans ses grandes lignes) est la scène de l'évasion. Les quelques répétitions où l'enfant refuse d'apprendre les gestes, les gestes qui sauvent (ici cette expression prend tout son sens) et en face la farouche détermination de la mère de sauver son fils sont des scènes impressionnantes.
Elle est prête à se sacrifier et à lui offrir une vie, une vraie vie. Ces dix minutes (peut-être moins ou plus) m'ont vraiment scotchées.

Et le jeune acteur Jacob Tremblay est formidable, même si je trouve un peu malsain sa soudaine notoriété, ou du moins son exposition à celle-ci depuis le succès du film. 

Alors comment vous dire, sinon, que j'ai été à plusieurs reprises gênée.  La mère décide, et on ne peut que trouver ça magnifique, de mentir à son fils en créant de toute pièce leur univers, qui se limite à cette pièce. Derrière les murs, rien n'existe. La télévision, idem. Tout est faux. Elle invente des jeux, et l'enfant semble heureux. Il s'amuse, rit.  Et voilà, pendant quelques secondes, mon esprit malsain me joue un drôle de tour : je me surprends à penser que n'importe quelle personne dérangée (pédophile) va avoir ici la preuve que finalement enfermer une personne dans dix mètres carrés n'est pas une si mauvaise idée. 

Ses drôles d'idées vont réapparaitre encore, par exemple lorsque la journaliste lui demande si elle a pensé au suicide, non car son fils l'a sauvé et hop idée nauséabonde : faites-lui un gosse (alors qu'elle même est encore une adolescente) et elle sera calmée et heureuse... bref, le manuel du parfait enlèvement. Non mais, c'est tout moi ça. 

Attention, n'importe quelle personne normale verra ici les traumatismes mais moi je me dis qu'aujourd'hui, tout le monde va au cinéma. Tout le monde. Ainsi, il me paraît normal que Jake demande sans cesse à sa mère à quel moment ils vont retourner vivre chez eux. Mais la manière, enfin j'ignore pourquoi mais encore une fois, l'image est pour moi ambivalente. Je ne suis pas folle une seconde : le film est entièrement tourné vers le dévouement d'une mère pour son fils, prête à tout pour le protéger et le film dénonce l'horreur vécue et les traumatismes profonds, mais la manière dont cela est fait, raconté, m'a, personnellement, perturbé. 

Fort heureusement, comme je le dis, l'histoire remet les choses à leur place, je parle ici du père de Sue (William H. Macy) dont la réaction peut choquer mais qui, selon moi, rappelle les huit années de maltraitance, de viols, subis par sa fille que le père ne peut oublier. Même si je suis ravie de voir que sa mère et son beau-père l'accueille à bras ouverts et réagissent tout à fait différemment. Les deux réactions me semblent parfaitement sensées et rappellent qu'ici rien n'est normal, même si on fait tout pour le faire croire. 

Au final, si j'ai trouvé l'histoire forcément touchante et éprouvante, je suis quand même passée un peu à côté du film.

Sinon, rien à redire, sur la réalisation, très soignée, un casting formidable - mon coup de coeur va quand même à la mère, enfin grand-mère Joan Allen, trop rare au cinéma et à Brie Larson, qui mérite grandement son Oscar de meilleure actrice.  

Mais, à part la scène de l'évasion, le film ne m'aura pas tant marqué. Ou alors faut-il être une mère pour mieux saisir l'histoire ? Je ne le pense pas. Je pense d'ailleurs que chaque femme vivrait une telle situation différemment, qu'un viol qui engendre une naissance est vécu de manière unique par chaque personne. Bref, impossible ici de pouvoir prétendre se mettre à "la place de". 

Au final, je conseillerais de voir le film, il m'a permis d'avoir une pensée pour Natascha et toutes les autres femmes, victimes d'enlèvement et de viols. 


Mon avis (sur la réalisation) : ♥(♥)





11 commentaires:

  1. Même si ce film a l'air très beau et émouvant, je ne suis pas tentée plus que ça .

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    1. Je dois être passée à côté, le film est très beau mais je ne vais pas te dire "fonce!" parce que le sujet est grave d'une part et d'autre part, je pense que je vais vite l'oublier ;-)

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  2. Le film tout comme le livre ne me tentent absolument pas. En plus avec ce que tu en dis ça me donne encore moins envie.

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    1. Je crois que le sujet est vraiment atypique et effectivement cela peut rebuter même si la fin est quand même positive et pleine d'espoir.

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  3. J'ai lu le roman et vraiment ça me suffit. J'ai vraiment beaucoup aimé et ça m'embêterait de dénaturer mon ressenti avec un film assez conventionnel (c'est l'impression qu'il me donne).

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    1. Oui et puis tu connais déjà très bien l'histoire !

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  4. c'est bizarre, je ne vois pas certains mots dans ton texte? il y a des blancs en plein milieu des phrases?!
    J'avais vu le roman, qui m'avait beaucoup marqué...mais pas sûre que j'aille voir le film du coup - je me rappelle très bien de l'histoire et je n'ai pas vraiment besoin de voir son adaptation cinématographique

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    1. ah bon ? moi tout le texte apparait et les autres n'ont rien vu ! bon, vive blogger !
      le roman a eu de très beaux retours et tu as raison, je crois que parfois il vaut mieux garder le souvenir du livre.

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  5. J'avais beaucoup aimé le livre, même si je n'en garde finalement que peu de souvenirs (et rassure toi, j'ai eu les mêmes pensées un peu tordues pendant ma lecture : "manuel du parfait enlèvement"...)

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    1. AH MERCI ! Tu me rassures ! Ton manuel me fait rire mais effectivement n'importe qui de tordu voit le film, il va forcément interpréter les choses différemment ...

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  6. J'avais beaucoup aimé le livre, c'est pour ça que je n'ai pas envie de voir le film.

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