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03 août 2015

Starred up (les poings contre les murs)

Fan de Dog Pound, il me tardait de voir Starred Up / Les poings contre les murs - malheureusement j'ai manqué sa sortie au cinéma. Diffusé sur Canal +, j'ai profité d'une soirée au calme pour me plonger dans l'enfer de la prison où atterrit le jeune Eric Love. Je le dis haut et fort : un film culte !  Je le savais déjà vu que les critiques dithyrambiques - ajoutez-y un casting impeccable, un scénario super bien ficelé et vous voilà plongé dans une réalité que le citoyen lambda refuse de voir : celle du système carcéral britannique qui enferme les mauvais garçons et jettent la clé.

Eric Love (Jack O'Connell) tout juste 19 ans, est transféré d'un centre fermé pour mineurs dans la prison où se trouve son père, Neville Love (Ben Mendelshon) emprisonné à vie depuis plus de vingt ans. Le jeune homme, arrogant et ultra violent laisse exploser sa colère dès son arrivée - survolté, primitif, il se fait des ennemis chez les détenus et les gardiens. L'adolescent vit mal sa relation volatile avec ce père qu'il ne connaît pas et qui souhaite diriger chacun de ses gestes. Les deux hommes ne cessent de se croiser et leur relation est très tendue. Après une grave altercation, Love est envoyé au trou - il a agressé plusieurs gardiens qui souhaitent lui donner une leçon lorsqu'il est sauvé par Oliver Baumer (Rupert Friend), un psychothérapeute volontaire qui anime un groupe de parole où les détenus peuvent apprendre à maîtriser leurs accès de colère. Mettre des mots sur les maux.

Éric, starred up (terme anglais qui signifie surclassé), a été transféré avant l'âge légal dans cette prison après avoir tué, à l'âge de 10 ans, un pédophile. Il doit soudainement apprendre à gérer ses rapports avec les différents gangs, la corruption. Eric est totalement perdu et ne sait plus à qui se raccrocher quand il réussit à établir une relation de confiance avec Baumer (Rupert Friend) et apprend à maitriser peu à peu ses accès de violence en s'ouvrant peu à peu lors de ses séances avec le groupe. . Malheureusement, son père, rustre et incapable, comme son fils, de parler de ses sentiments, ne cesse de le provoquer. Eric ignore si c'est pour son bien ou si au contraire il cherche à le punir. Le jeune homme se retrouve bientôt avec un contrat sur sa tête et tout va s'emballer....


Que dire ? Sinon que le film a été écrit par Jonathan Asser, lui-même thérapeute en prison qui a voulu ici dresser un portrait, sans fards, du système carcéral britannique. Un système qui broie les hommes, leur enlevant toute humanité, les transformant en bêtes - s'assurant ainsi de leur incapacité à se réhabiliter et à retourner à la vie civile. Le portrait des gardiens est effrayant, corrompus, violents - ils font tout pour provoquer ces hommes et s'assurer ainsi qu'ils ne puissent jamais sortir. La fin du film est brutale.

Mais le talent du film réside dans cette part infime d'humanité qui transparait dans plusieurs personnages et guide, comme une petite lumière à l'intérieur du tunnel, le jeune Eric vers une possible rédemption.


J'ai adoré les séances de groupes - un grand chapeau aux acteurs Gershwyn Eustache Jr., Anthony Welsh et David Ajala qui jouent ces détenus qui ont peu à peu appris à contrôler leurs émotions et leur permettent pour un temps très court d'exprimer leurs émotions, chose impossible en prison où tous les hommes sont sans cesse sur le qui vive, le torse bombé, jurant et crachant. Tout acte de générosité est regardé de travers (Eric s'étonne ainsi que l'un des membres lui prête un shampooing) et les insultent pleuvent non stop. Lorsque Eric apprend que son père, enfermé depuis vingt ans, éminemment respecté, entretient une relation homosexuelle avec un autre détenu, Ashley - il explose.  Je ne vais pas vous raconter la fin, mais sachez qu'entre les deux hommes, l'improbable va se produire. Neville Love, enfermé depuis vingt ans,  irrécupérable, est un pur produit du système carcéral, explosif - il s'inquiète pour son fils et agit maladroitement avec lui. Absent lorsqu’il était enfant, il sait que son fils est là par sa faute.

La violence est omniprésente, une tension parcourt tous les espaces et on sent qu'une bagarre peut éclater à chaque instant. Les armes et les drogues circulent, les parrains dirigent leur petit monde. Effrayant

Le scénario est infaillible - quand on sent que tout va exploser, on ramène les genoux, on plisse des yeux et la violence se déchaine ainsi devant nos yeux - les rares moments d'émotions sont alors comme sublimés, magnifiés..


Le casting est impressionnant : Jack O'Connell que j'ai déjà adoré dans Invicible et Tower Block prouve qu'il est un acteur incontournable. Pour interpréter son père, le réalisateur a fait appel à l'immense Ben Mendelshon, un redoutable méchant que j'ai déjà croisé dans Animal Kingdom, The Dark Knight rises- l'acteur australien adopte ici un accent redoutable !  et Rupert Friend, mon chouchou (Homeland !!!!) qui a repris le rôle au grand écran d'Hitman (au cinéma fin août). J'adore cet acteur - j'en suis fan et j'ignorais qu'il jouait dedans. Quel plaisir de le retrouver. Il est parfait comme à son habitude.

Sinon, ayant adoré Dog Pound, j'ai appris que le film original, Scum dont Dog Pound était inspiré va finalement sortir au cinéma. Scum avait été tourné pour la BBC en 1975 mais avait été jugé trop violent à l'époque et interdit. Ressorti en version cinématographique, il était sorti en France en 1980. En 1991, suite au décès du réalisateur, le téléfilm avait été finalement diffusé mais avec des parties censurées. La BBC avait justifié son choix de manière ambiguë, en déclarant qu'elle doutait de la véracité de l'histoire (des jeunes sont envoyés dans un centre de redressement où les gardiens s'amusent à opposer les nouveaux et anciens et où les scènes sont extrêmement violentes) mais en même temps que le film avait tout d'un documentaire.

Une nouvelle version, restaurée va sortir en France le 26 août prochain.



Bref, un véritable coup de cœur pour ce film que je pense revoir une seconde fois prochainement. Un grand moment de cinéma, malgré sa dureté et sa violence. 

Mon avis : 

PS : Pour en revenir à Starred up, j'ai vu le film en v.o, entre les accents britanniques (il faut écouter le très Oxfordien Rupert Friend face à un Mendelshon bourru au discours hâché pour voir deux classes s'affronter) et l'argot de prison, c'était chaud mais nécessaire. J'ai trouvé sur le web un petit lexique pour ceux qui voudraient aussi se lancer (je vous le conseille fortement) :

Acki - pote musulman
Bacon - tout type d'agresseur sexuel
Bag head - accro à l'héro
Clump - frapper
CSU - isolement 
Double bubble : deux pour un
Fraggle : détenu vulnérable
Gwap : fric
Kanga - gardien
Kick off back door - sexe anal
Mug off - se montrer irrespectueux
Off - tuer
Starred up - transfèrement prématuré d'un jeune d'un centre fermé pour mineurs à un centre de détention pour adultes
Tech- téléphone portable
Top - tuer 


4 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas et si je tombe dessus je vais le regarder, ça l'air bien bon!

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    1. Je pense qu'il te plaira beaucoup ! Entre l'histoire et les acteurs, un vrai coup de coeur (et mes parents ont adoré or c'est plutôt violent mais tellement fort)

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  2. J'ai moi aussi eu un vrai coup de coeur pour ce film !

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    1. Oui un film violent mais très fort (relation père-fils) ;-)

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