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09 décembre 2013

Zulu

J'ai vu Zulu et je me suis pris une claque. Et croyez-moi, ça fait du bien, même si le film est sombre, violent et pessimiste, j'ai aimé chaque minute, chaque image. J'en suis ressortie troublée et j'ai beaucoup aimé aller en Afrique du Sud - dans une Afrique du Sud bien réelle - pas celle montrée ces derniers jours où tout serait beau aujourd'hui, loin des années d'apartheid. 

Le réalisateur est français, comme le scénariste, le chef opérateur, pourtant on est très loin de notre pays. En adaptant au cinéma le roman de Caryl Férey, Jérôme Salle a réussi un tour de force : nous emporter en moins de deux heures au sud du continent africain, de la banlieue riche aux townships de Cape Town, et nous faire aimer des personnages qui portent sur leurs épaules les lourds fardeaux de l'histoire de leurs pays.


Car ce qui marque dans ce film, ce n'est pas tant l'histoire à proprement parler, bien qu'effrayante - mais le fantôme de l'apartheid qui plane sur les personnages tout au long du film. Comme l'a dit Mandela à un journaliste étonné de cette violence très prégnante dans la société sud africaine, on ne peut pas effacer toutes ces années d'apartheid en quinze ou vingt ans. Et la génération filmée est celle qui a connu ces années noires et reste profondément marquée. 

L'histoire commence lorsque le corps d'une jeune femme blanche riche est découvert dans un jardin botanique. Elle a été battue à mort après s'être droguée.  Ali Neuman (Forest Whitaker) est chargé de l'enquête, il s'entoure de Brian Epkeen, un flic drogué, alcoolique (Orlando Bloom) et d'un autre jeune policier, Dan (Conrad Kemp). Le trio fonctionne bien, ils sont amis dans le privé. Leur enquête avance rapidement. Ali Neuman est parallèlement alerté par sa mère qui vit dans un township de la disparition inexpliquée de jeunes enfants. Mais le policier doit se concentrer sur l'enquête, le père de la victime étant une ancienne star du rugby très influente. La drogue trouvée dans le corps de la jeune femme emmène les policiers dans le monde des gangs. Très vite, la violence prend le dessus et peu à peu l'enquête dévoile non seulement le lien qui unit ces enfants à cette nouvelle drogue, mais à l'histoire-même de l'Afrique du Sud.


L'histoire est prenante, le rythme aussi. Je tiens à prévenir les âmes sensibles de certaines scènes très violentes, j'ai été la première surprise. Le film est en outre d'une noirceur qui ne cesse de grandir tout au long de l'histoire. Manifestement, je suis habituée à suivre des polars dans des lieux sombres, où il pleut, il fait froid, il y a un épais brouillard (comme Prisoners) or ici c'est tout l'inverse. L'enfer a pris les traits du soleil omniprésent. Un ciel bleu sans le moindre nuage. La scène finale est d'ailleurs significative : le désert de Namibie où règne sans partage un soleil meurtrier.

L'Afrique du Sud montrée dans ce film va sans doute effrayer plus d'un spectateur, l'apartheid a disparu mais ressemble à une tâche noire qui ne cesse de grandir dans le coeur de chaque homme. Quand ce n'est pas l'attaque violente dont a été victime le jeune Ali en 1978, c'est la honte d'être le fils d'un ancien Afrikaner qui a commis de terribles exactions pour Brian. L'histoire pose la question du pardon. Organisée par Mandela,  des commissions de pardon ont eu lieu et ont résulté en une amnestie générale. Ces commissions ont aussi permis à des assassins de sortir libre. Comment peut-on pardonner ? Et ici, le spectateur va découvrir que lorsque l'homme est mis au défi, ses convictions peuvent basculer. Comme après le génocide du Rwanda, on comprend qu'il faudra plusieurs générations pour que temps fasse son travail.

J'ai aimé la réalisation, le choix de la lumière, la caméra portée uniquement lorsque c'est nécessaire. Et puis, le jeu des acteurs - impeccables avec une pensée pour tous ces rôles secondaires qui ici ont tout leur sens. Pas de simples figurants. Je ne suis pas étonnée d'être encore éblouie par la perfection du jeu de Forest Whitaker, mais j'ai été par épatée par le jeu d'Orlando Bloom



J'avoue méconnaître la filmographie de l'acteur anglais. Il ne m'a jamais "tapé dans l’œil".  Je l'ai découvert dans le premier épisode des Pirates des Caraïbes (j'ai du en voir deux), dans Elizabethtown il y a quelques années et surtout dans la peau de Legolas, l'elfe du Seigneur des Anneaux. Il reprend d'ailleurs son rôle dans le second volet des aventures du Hobbit.

J'avais donc l'image d'un acteur mignon mais assez superficiel. J'ai découvert ici, non seulement un excellent acteur, mais sans doute aussi un homme qui possède une réelle profondeur. Bon, je dois avouer que de le voir, comme faire-valoir auprès de son épouse top model aura sans doute jouer sur l'opinon que je me faisais de lui.

Je ne vais pas raconter la fin, mais sachez que j'avais tout faux. Maintenant j'ai très, très envie de lire le livre pour retrouver Ali et Brian. Il est dans ma bibliothèque, il n'attend que moi.

Edit : trois petits mots pour vous parler de l'importance de voir ce film en v.o car les personnages s'expriment en trois langues (anglais, Afrikaner et zulu) et un mot sur la musique, qui sert parfaitement le film sans venir, comme certaines fois alourdir l'histoire (musique triste quand scène triste ...). J'ai hâte d'écouter la b.o. 

 
Ma note :
 

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