Blue Jasmine

Cela faisait très longtemps que je n'avais pas vu un film de Woody Allen - quand je dis longtemps, cela doit faire au moins cinq ans. J'ai entrevu quelques extraits (sur Canal +) de ces derniers films comme Midnight in Paris ou Vicky in Barcelona, mais aucun ne m'intéressait vraiment. Et puis est venu Blue Jasmine - j'ai lu quelques critiques, et surtout j'ai vu la bande-annonce et là, j'ai su immédiatement que je verrai le film. 

J'ai été comme aspirée dans la vie de Jasmine, happée par ce personnage troublant, désabusé, je me suis amusée, inquiétée, énervée avec elle. Moi qui possède un esprit vagabond, et qui m'échappe toujours quelques minutes pendant une projection, je suis restée scotchée devant mon écran, chaque passage avec Jasmine m'hypnotisait.

Le personnage de Jeannette, alias Jasmine comme dans la chanson a tout perdu, son statut de privilégiée, ses biens, son appartement - sa vie en fait, après que son époux, un homme d'affaires new-yorkais millionnaire eut été arrêté pour avoir détourné des millions de dollars, dans une escroquerie à la Bernie Madoff (ce véritable homme d'affaires avait été arrêté après avoir escroqué des centaines de personnes dans une fraude financière). L'époux de Jasmine met fin à ses jours en prison. Jasmine a tout perdu, sa dignité, son statut, son train de vie pharaonesque.

Sa dépression s'est transformée en névrose, et elle a développé certains symptômes : des absences ou des instants où elle replonge dans son passé et se met à parler toute seule dans la rue ou à des étrangers. Internée un temps, elle doit quitter New York pour venir s'installer chez sa sœur caissière à San Francisco, sans argent (mais en voyageant en première classe). Au-delà de son caractère de snob condescendante, il existe chez cette femme une faille qui vous emportera et vous fera l'aimer. Là réside tout le talent de M.Allen. Enfin, c'est ce qui s'est passé pour moi.

 

Aucun doute là-dessus : Cate Blanchett réussit un tour de force, une interprétation parfaite - troublante de vérité. Mais Woody Allen lui a facilité les choses en s'entourant de fabuleux acteurs secondaires - comme Bobby Canavale, l'amoureux transi de la sœur de Jasmine, Ginger (interprétée avec brio par Sally Hawkins). L'acteur campe à merveille ce beauf, car c'est le mot - un mec follement amoureux mais affreusement beauf.  Entre les deux soeurs, ce sont, vous l'aurez deviné, deux mondes qui entrent en collision.
Ginger a toujours eu un sentiment d'infériorité envers sa sœur Jasmine, et lorsque celle-ci est de retour - ce doute revient. Jasmine lui reproche son goût pour des "losers".  Chacune part alors à la recherche de l'homme "parfait", pour le meilleur et pour le pire. C'est une comédie douce-amère, terriblement bien dosée.

Tous les acteurs excellent, comme Alec Baldwin, qui interprète avec talent l'époux trompeur et menteur de Jasmine, qui achète son silence en lui offrant bijoux sur bijoux, jusqu'à ce qu'il soit trahit, et le paie très cher. Le talent d'Allen est de ne jamais juger, il navigue entre ces deux mondes, auxquels je n'appartiens pas, et pourtant on retrouve un peu de soi dans chacun.

Woody Allen a sans doute écrit un des plus beaux rôles féminins à ce jour. C'est définitivement un de mes films préférés de Woody Allen - extrêmement moderne, dans sa fin par exemple, ni mélodramatique, ni à l'eau de rose. Le réaliseur new-yorkais nous a laissé nous immiscer quelques jours dans la vie de Jasmine, à travers un télescope, et  croyez-moi cela en valait la peine !

Mon avis : ♥♥♥♥