J'ai complètement craqué pour l'Estonie, EESTI ♥♥♥
Il m'est difficile de vous résumer ici tout ce que j'y ai vu, mangé, appris, découvert ! Je vais donc faire un effort, mais je ne pourrai pas vous exempter d'un rapide cours d'histoire. Je ne peux aller dans un pays sans avoir étudié auparavant l'histoire (dans les grandes lignes) afin de mieux comprendre la culture. Et ici, nous sommes gâtées !
Il m'est difficile de vous résumer ici tout ce que j'y ai vu, mangé, appris, découvert ! Je vais donc faire un effort, mais je ne pourrai pas vous exempter d'un rapide cours d'histoire. Je ne peux aller dans un pays sans avoir étudié auparavant l'histoire (dans les grandes lignes) afin de mieux comprendre la culture. Et ici, nous sommes gâtées !
L'Estonie, capitale TALLINN (♥♥♥) est un petit pays de 1,2 m d'habitants, situé en Europe septentrionnale, le plus haut perché des 3 (Lettonie, Lithuanie). L'Estonie est un tout petit pays (en trois heures, vous passez du nord au sud et de l'ouest à l'est), qui doit ses ressources à la mer Baltique (les 2/3 de ses frontières) et au centre du pays, d'immenses forêts. La majorité des habitants se concentrent donc au bord de l'eau, et deux tiers dans la seule capitale.
L'hiver y est long (7 mois cette année) et froid (régulièrement on avoisine les -30°c), l'été est court mais ça va (de 23 à 30°c comme cet été), et les nuits blanches (le soleil se couche pour deux ou trois heures). La mer baltique n'est pas plus froide que sur nos côtes bretonnes, les plages en sable blanc sont immenses, l'eau turquoise et de nombreuses îles font la renommée du pays (Saaremaa).
On y parle Estonien - une langue étrange, très difficile à apprendre (classée dans le top 10 des langues les plus difficiles). Elle appartient à la branche fennique de la famille des langues ouraliennes et est étroitement apparentée au finnois, et plus lointainement au hongrois. Elle n'a rien de commun avec le letton ou le lituanien (langues "baltes"). Pour avoir échangé avec des estoniens et une finlandaise, celle-ci m'a confirmé que si leurs langues sont d'origine commune, ils ne se comprennent pas.
Ses habitants sont donc majoritairement Estoniens, quelques lettons et surtout 30% de russes.
L'Estonie a obtenu sa première indépendance en 1918. Annexée de nouveau par l'Union Soviétique en 1940 (pacte germano-soviétique), elle a été envahie par les nazis et 1941 et reconquise par l'Armée rouge en 1944. Les soviétiques ne sont pas repartis, et sont donc restés 50 ans, au grand malheur des Estoniens. Car après les terribles exactions des nazis, les habitants ont du subir le joug soviétique (pour les amateurs de lecture, je vous conseille Purge de Sofi Oksanen*). Staline avait en effet planifié de vider le pays de la moitié de ses habitants en envoyant certains au fin fond de la Russie et les récalcitrants au goulag. Le plan de Staline était de les remplacer par des Russes. Et c'est en Estonie qu'il y est presque parvenu, car aujourd'hui 30% de la population est russe, et pas d'origine russe.
L'indépendance des 3 pays est toute récente : 1991. Les trois pays ont retrouvé leur liberté dans le calme. Ils avaient organisé une immense chaine humaine de plus de 600 km entre les trois capitales (Tallinn - Riga - Vilnius).
La jeune génération a donc l'âge de l'indépendance. Un pays tout jeune qui se relève de 50 ans d'occupation. Aujourd'hui, la situation du pays est donc très étrange : les russes sont très présents (majoritaires à Tallinn), le maire de la capitale est russe. Un tiers des habitants du pays (400 000 habitants) est russe. Lors de l'indépendance, environ 12% (160 000) ont refusé de prendre la nationalité estonienne (ce qu'a fait la majorité). Aujourd'hui, ils sont considérés comme apatrides. Ils ne sont ni citoyens russes, ni citoyens estoniens.
Le pays est donc divisé en deux. Les Estoniens, obligés d'apprendre le russe du temps de l'occupation, ont eu vite fait de lui préférer l'anglais. Le pays s'est rapidement tourné vers l'Europe, bénéficiant de nombreuses aides européennes, aujourd'hui toutes les infrastructures sont récentes (routes, immeubles), la monnaie est l'euro, le wifi est partout, ils roulent dans de belles voitures. Les Estoniens ont tourné le dos à leur voisin russe, pour se tourner vers l'Europe, vers nous.
Le pays est donc divisé en deux. Les Estoniens, obligés d'apprendre le russe du temps de l'occupation, ont eu vite fait de lui préférer l'anglais. Le pays s'est rapidement tourné vers l'Europe, bénéficiant de nombreuses aides européennes, aujourd'hui toutes les infrastructures sont récentes (routes, immeubles), la monnaie est l'euro, le wifi est partout, ils roulent dans de belles voitures. Les Estoniens ont tourné le dos à leur voisin russe, pour se tourner vers l'Europe, vers nous.
Il y a cinq ans, le gouvernement a voulu imposer l'apprentissage de l'estonien à l'ensemble de la population (dans les écoles), les russes ont fait appel devant la Cour européenne qui leur a donné raison. Résultat : les russes ne parlent que russe et les estoniens n'apprennent plus le russe. Chacun vit de son côté, on se croise dans la rue, mais on ne vit pas dans le même monde. On ne parle pas la même langue.
Je regarde toujours la télévision du pays afin d'en apprendre plus. Voisin de la Finlande et de la Russie, on a accès à de nombreuses chaines en russe ou en finnois, et à quelques chaines estoniennes. Les programmes russes ont leurs propres séries et émissions. Les chaines estoniennes et finnoises diffusent beaucoup de séries anglaises et américaines.
J'ai rencontré de jeunes Estoniens qui ont accepté d'en parler avec moi. Ils m'ont confirmé mes impressions : ils vivent dans des mondes parallèles. La victoire devant la Cour européenne a obligé le gouvernement à reconnaitre la langue russe et donc tous les documents officiels sont en deux langues, mais dans les faits, la jeunesse estonienne n'apprend plus le russe (sur dix jeunes, seule une d'entre eux l'avait étudié) et ils se refusent à le faire. Pour eux, ils n'ont plus leurs places dans leur pays . La jeunesse russe de son côté, se sentant rejetée, se tourne donc vers la Russie, alors qu'elle est née et a grandi en Estonie.Poutine l'a compris et a ouvert la possibilité aux ressortissants russes des anciens pays du régime soviétique d'obtenir un passeport russe. Ce qu'ont fait certains russes d'Estonie.
Les tensions restent vives. Après la libération, les autorités ont retiré la majorité des vestiges soviétiques (statues, portraits). En 2007, le gouvernement a souhaité retirer un monument aux morts dédié aux soldats soviétiques ayant vaincu le régime nazi en 1944. La communauté russe s'y est opposée violemment et le pays s'est retrouvé à deux doigts d'une guerre civile. Le monument a finalement été déplacé dans le cimetière militaire de la ville.
Difficile en tant que français de comprendre, imaginez que les allemands soient restés 50 ans et qu'aujourd'hui la France compte 30% d'allemands ? Comment réagirions-nous ? Je n'ai aucune leçon à donner.
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Un touriste lambda remarquera juste que toutes les boutiques affichent les heures d'ouverture en trois langues, estonien, anglais et russe. Mais un touriste qui a appris le russe (mon cas), sera surpris, du moins à Tallinn d'entendre parler russe tout autour de lui, ou Estonien. Mes amis ne faisaient pas la différence, moi si. Et linguistiquement, les langues n'ont rien en commun et les sons sont très différents.
Je vous parlerai de la Lettonie (Riga) plus tard car le phénomène est similaire, mais différent. La population russe est moins nombreuse mais Riga reste la destination préférée des russes pour leurs vacances, donc cet été 99% de la population parlait russe, entendre du letton relevait du miracle !
J'en ai fini de l'histoire, elle reste néanmoins passionnante. J'ai visité les musées de l'occupation à Tallinn et à Riga. Très impressionnant et très éprouvant (j'avais des larmes au bout de 3h30 dans celui de Riga). On apprend beaucoup sur la résistance (ils se sont cachés dans les immenses forêts) et sur la culture underground qui luttait pour l'indépendance. Je vous conseille vivement d'y aller.
Et si vous voulez apprendre l'histoire de façon plus ludique, je vous encourage vivement à visiter le fameux musée du KGB, situé dans un des plus grands hôtels de Tallinn. Le KGB avait eu l'excellente idée d'installer ses bureaux au 23ème étage de cet hôtel, ouvert aux débuts des années 70 pour accueillir les premiers visiteurs occidentaux. Pourquoi une excellente idée ? Car tout le monde pensait que l'hôtel (même les employés) n'avait que 22 étages... Cet étage fantôme a été découvert après leur départ, en août 1991.
La visite est passionnante, la guide est une ancienne employée. A faire absolument !
A suivre : à la découverte de Tallinn... fini l'histoire, on passe aux photos !
Et si vous voulez apprendre l'histoire de façon plus ludique, je vous encourage vivement à visiter le fameux musée du KGB, situé dans un des plus grands hôtels de Tallinn. Le KGB avait eu l'excellente idée d'installer ses bureaux au 23ème étage de cet hôtel, ouvert aux débuts des années 70 pour accueillir les premiers visiteurs occidentaux. Pourquoi une excellente idée ? Car tout le monde pensait que l'hôtel (même les employés) n'avait que 22 étages... Cet étage fantôme a été découvert après leur départ, en août 1991.
La visite est passionnante, la guide est une ancienne employée. A faire absolument !
A suivre : à la découverte de Tallinn... fini l'histoire, on passe aux photos !
(* Sofi Oksanen est finlandaise de père mais estonienne de mère. Elle a écrit deux romans évoquant l'Estonie, Purge et les vaches de Staline).
C'est très intéressant, merci pour toutes ces infos, et vivement la suite !
RépondreSupprimerLa suite arrive, merci ! J'ai juste un mal fou à me décider entre toutes les photos !
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