!-- Font Awesome -->

18 septembre 2012

Des hommes sans loi (Lawless)

J'avais envie de voir "Lawless" ou Des Hommes sans Loi (je l'ai vu en VO) au cinéma, pas pour son casting masculin (exception faite de Gary Oldman et Guy Pearce), car je ne suis pas une inconditionnelle de ces jeunes talents que sont Tom Hardy et Shia Labeouf, mais plus par l'histoire du film, son époque et les actrices féminines (Jessica Chastain et Mia Wasikowska) que j'adore. Et je n'ai pas été déçue. 

D'ailleurs, je suis même entrée au cinéma, avec sous le coude, un petit magazine hebdomadaire nantais qui critiquait ce film pour son côté lent et redondant. Je suis ressortie en me disant que la personne qui avait rédigé cette critique était justement tombée dans le piège : Des hommes sans Loi est tout sauf un film d'action à la Jason Bourne. L'action du film se situe dans les années 30, pendant la Dépression, lors de la célèbre Prohibition dans le Sud des États-Unis (en Virginie), dans le comté le "plus arrosé" (surnom du comté où était produit le plus grand nombre d’alcool de contrebande, The wettest County). Elle raconte l'histoire vraie d'une famille de bootleggers : les frères Bondurant (producteurs d'alcool de contrebande),  qui vont ici inscrire leurs pas dans la légende. 

Le pitch ? Les trois frères Bondurant sont célèbres dans le comté pour leur trafic notoire d'alcool de contrebande (moonshine), les policiers locaux les laissent faire en échange de quelques caisses d'alcool.  Petits producteurs locaux, le benjamin rêve de faire aussi bien que des célèbres bandits (comme le fameux Floyd Banner) et passe son temps en compagnie de Cricket, un jeune homme du même âge adopté par la famille ; tandis que Forrest, le cadet, tient la demeure familiale (et le bar). L'ainé, revenu de la première Guerre, boit plus que de raison et peut se révéler très violent lorsque l'on touche à ses frères. Tous respectés, les Bondurant ont acquis la réputation d'être "invicibles". Charlie Rakes, envoyé par le nouveau Procureur du Comté va alors débarquer pour y imposer sa propre loi et affronter cette famille.



1931 - et pas 2012.  Le réalisateur nous entraine dans une histoire singulière, pendant une des époques les plus violentes qu'est connue l'Amérique - celle de la prohibition. Au lieu de nous emmener à Chicago, il installe l'action à la campagne, dans l’État de Virginie, dans cette famille où les parents sont décédés et où le frère cadet tente malgré tout de tenir à bras de corps la famille. Il n'y aura pas de courses poursuites comme dans Bonnie and Clyde, mais au contraire, pas mal de face à face, d'échanges de regards et de silences. Quelques scènes de violence mais elles ne sont pas le moteur du film. Nous qui sommes habitués, aujourd'hui, à voir tout exploser autour de nous, des types armés jusqu'aux dents faire sauter la baraque, avec une musique assourdissante et des effets spéciaux spectaculaires, devont accepter qu'ici rien de tout cela n'existe. La violence est présente, mais d'une manière sous-jacente, palpable.

Ayant habité le Sud des États-Unis, je connais bien ces petites villes, composées uniquement d'une grande rue, du bar local et de leurs habitants, installés dans leur rocking-chair sous leur porche à regarder le temps qui passe. La notion de lenteur est endémique au Sud des USA et c'est en connaisseur (alors qu'il est né en Australie, a grandi au Canada et vit à Londres) que le réalisateur a choisi de tourner ce film de cette manière. Pour mieux situer l'époque, et son évolution, John Hillcoat a souhaité ici nous montrer que cette époque était en fait à la croisée des chemins : il utilise ainsi la voiture comme symbole des temps modernes (la scène où Shia emmène Mia en promenade dans sa nouvelle Ford), face à la grand-mère de Cricket, affublée de sa petite coiffe, coincée dans son rocking-chair, coincée dans une Amérique d'un temps désormais révolu.

L'histoire, n'est, il est vrai - pas extraordinaire, le scénario n'est pas celui d'Inception. Car le film témoigne d'une période spectaculaire de l'histoire américaine à travers l'histoire personnelle d'une famille (inspirée du livre d'un des descendants de la famille Bondurant) qui allait voir son petit trafic de bootleggers prendre des proportions gigantesques, et les faire entrer dans la légende. Il n'y a donc ni effets spéciaux, mais des évènements qui expliquent en partie l'aura qui entoure les Bondurant.

Côté casting, Tom Hardy joue le rôle de Forrest - le cadet en charge de toute la famille. Le rôle d'un homme renfermé, taciturne, peu bavard qui va refuser les nouvelles règles imposées par ce Charlie Rakes (Guy Pearce). Je n'ai pas été déçue par la prestation de Tom Hardy, même si parfois je l'ai trouvé un peu trop caricatural (lorsqu'il bougonne), je l'ai surtout trouvé un peu trop jeune pour le rôle, ou alors j'aurais aimé un acteur qui n'ait pas le visage d'un poupon, dans un pull trop serré. Shia Labeouf (dont je n'arrive décidément pas écrire le nom) m'a par contre bien plu dans le rôle du benjamin Jack, ambitieux et impulsif, transi amoureux de la belle Bertha Howard, fille du Pasteur. Une sublime Mia Wasikowska, qui ne cesse de prouver son talent à chaque film. 
Jessica Chastain a réussi, en quelques scènes, à nous prouver qu'elle est bien la Jessica de Roger Rabbit en campant cette sublime femme venue de Chicago troubler Forrest. 

J'ai aussi aimé l'interprétation des seconds rôles, tels que Jason Clarke, qui joue le rôle du grand frère Howard, et celle du jeune Dane Deehan qui interprète magnifiquement le jeune Cricket (et qui m'a fait penser en son temps, au jeune Leonardo Di Caprio dans le rôle d'un handicapé dans What's eating Gilbert Grape). Enfin, j'ai savouré chaque scène avec Gary Oldman (le célèbre bandit Floyd Banner) qui viellit comme du bon vin, et celles avec Guy Pearce qui joue avec brio ce facho de Charlie Rakes. Il campe avec virtuosité un vrai salaud, il faut bien employer ce mot pour décrire ce personnage.

Dane Deehan (Cricket) et Guy Pearce (Charlie Rakes)
J'ai repensé à Guy Pearce pendant le film, je l'avais vu il y a quelque temps dans Animal Kingdom, où il interprétait encore un flic, mais très sympathique. Cet acteur est un vrai caméléon, j'aimerais vraiment que le cinéma lui reconnaisse son immense talent. 

Bref, en résumé, j'ai aimé le film car il m'a fait permis à nouveau de voyager dans le temps, dans une période, où j'aurais aimé vivre (si voyager dans le temps était possible..), et le casting est très réussi. Comme la lumière, le choix de réduire au maximum la musique. De même que j'ai aimé la fin, qui m'a surpris - ce qui m'arrive de plus en plus rarement au cinéma, et qui m'a donné envie de me procurer le livre de Mark Bondurant pour mieux connaître l'histoire de cette famille d’invincibles



2 commentaires:

  1. Je l'ai vu hier soir.
    J'ai adoré ce film, cette histoire.
    Ces hommes étaient très courageux.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, avec le recul, je m'en rends compte que ce film était vraiment réussi !

      Supprimer