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15 mai 2012

La muraille de lave

J'ai fini le livre vendredi dernier, et je l'ai immédiatement prêté à ma mère, tout aussi impatiente que moi de retrouver les aventures de ces policiers islandais et l'écriture si particulière d'Arnaldur Indriðason.

Avec La Muraille de lave, Arnaldur Indriðason nous replonge dans la vie de ce commissariat, en nous emmenant suivre l'enquête de Sigurdur Oli. Pour ceux qui l'ignorent, l'inspecteur Erlendur est le personnage principal, mais il y a deux romans de cela, il a choisi de partir en expédition dans les fjords islandais et n'a plus donné de nouvelles depuis. L'auteur nous a alors invité à suivre l'enquête menée par Elinborg, la collègue d'Erlendur dans son roman La rivière noire. Alors que la jeune femme s'occupe d'une affaire de viol, Sigurdur Oli se voit confier une mission particulière par un ami d'enfance.

Petit résumé par l'éditeur :

La Muraille de lave à laquelle fait allusion le titre est une falaise de basalte au pied de laquelle des courants violents engloutissent toutes les embarcations qui s'en approchent. Tandis que Elinborg, la fine cuisinière, s'occupe d'une affaire de viol (La Rivière noire), Sigurdur Oli, le moderne formé aux États-Unis, reconnaît par hasard dans la rue l'un des témoins de l'affaire de pédophilie en partie résolue dans un autre roman, La Voix. Ce même jour, un ami lui demande d'aider un couple de cadres qui, pratiquant l'échangisme, fait l'objet d'un chantage. Troublé par ses problèmes de nouveau divorcé, Sigurdur Oli va cependant aller jusqu'au bout d'une histoire qui lui révèle la cupidité qui s'est emparée de la société islandaise avec l'expansion mondiale des modèles financiers. Commencé comme un polar classique, La Muraille de lave tisse les trames de plusieurs affaires et entraîne le lecteur dans les tourbillons de la perte de critères moraux et de l'impudeur de l'amour de l'argent. 
 
L'auteur a choisi en effet un angle assez intéressant : présenter en filigrane ce qui a mené à la crise économique islandaise à travers le regard d'un jeune policier aux méthodes américaines, fasciné par la réussite de ses anciens camarades étudiants devenus traders. Sigurdur Oli réfute tout ce qui lui rappelle qu'il est islandais. Formé en partie aux USA, il se nourrit de fast-food, de musique américaine, de séries télévisées en v.o et avoue envier la réussite économique de ses anciens camarades employés dans le monde de la finance. Mais en voulant aider un de ses amis, il va mettre le pied dans l'engrenage et découvrir bientôt le monde réel qui se cache derrière cette muraille de lave.




Arnaldur Indriðason a réussi ici à décrire les premiers signes qui ont précédé la crise économique et financière qui a frappé violemment le pays il y a quelques années. Un pays qui s'est laissé entrainer dans le délire capitaliste, un monde où l'on emprunte pour rembourser d'autres emprunts, où la cupidité de certains hommes va entrainer la chute du plus grand nombre. En contrepartie de cette réussite si facile, il va faire réapparaitre un autre personnage, déjà aperçu dans un autre roman, la Voix. Il incarne ici la déchéance sociale du pays, Drési l'enfant abusé est devenu adulte le clochard alcoolique, qui même propriétaire d'un appartement, ne vit que d'alcool et de remords, et traverse la vie au côté d'autres âmes perdues comme lui.

Sigurdur Oli, qui jusqu'ici ne supporte pas la misère humaine ou l'échec, et n'affiche que mépris pour ceux qu'il arrête, va alors prendre conscience de cette réalité et commencer à défendre le faible plutôt que de l'accabler. L'histoire se déroule au moment où sa collègue enquête sur l'affaire de viol, et où on évoque en filigrane le départ de l'inspecteur Erlendur, et l'inquiétude grandissante face à son absence prolongée.

J'étais très impatiente de retrouver mon commissariat islandais dans ce pays si singulier où la population, si petite, ne se connaît qu'à travers ses prénoms et où, malgré son statut insulaire dans la mer du Nord, il connaît aujourd'hui toutes les vicissitudes du monde moderne, ses tentations et ses failles.

Au bout de quelques pages, j'étais heureuse de retrouver le style si clair, si limpide, si épuré de l'auteur et son refus du sensationnalisme. Chacun de ses romans apporte une vision historique, politique et sociale d'un pays qui garde, encore pour moi aujourd'hui, sa part de mystère. J'ignore si l'auteur nous emmènera dans une prochaine aventure rejoindre Erlendur dans les fjords, mais nul doute que j'achèterai encore les yeux fermés son prochain roman.

2 commentaires:

  1. C'est amusant cette coïncidence, je viens d'entamer l' Homme du Lac, de ce même auteur :)

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    1. L'homme du lac est l'un de mes préférés ! J'ai beaucoup appris sur le passé de l'Islande. Bonne lecture.

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