!-- Font Awesome -->

09 décembre 2011

Shame

Après un rendez-vous à 8h00 du matin (vive les RTT), je suis allée me réfugier du mauvais temps dans une salle de cinéma pour voir le dernier film de Steve McQueen, Shame avec dans les rôles principaux Michael Fassbender et Carey Mulligan.

L'acteur irlandais retrouve le réalisateur qui l'a mené à la gloire après l'avoir fait tourner dans le sublime Hunger.

Leur deuxième collaboration a fait pas mal jaser lors de sa sortie et ses diffusions lors de divers festivals, parce que le sujet est à la fois d'actualité et à la fois regardé d'un œil douteux (l'addiction au sexe ?) et parce que le réalisateur britannique avait choisi d'exposer ainsi les attributs physiques de l'acteur it du moment : Michael Fassbender. Autant de raisons d'aller donc le voir le film dès sa sortie.

Mais arrêtons-là tout de suite les réjouissances, car le film est tout sauf joyeux, il est même son opposé :  dépressif, troublant et dérangeant. Si toute femme normalement constituée (avec comme moi un truc pour les roux) ne peut que se réjouir de passer 1h40 avec Michael Fassbender, l'effet n'est malheureusement que de courte durée.

Rapidement l'histoire de Brandon Sullivan (Michael Fassbender) vous entraîne dans une vie de solitude, d'angoisse, de mal être, où le sexe est l'exutoire de sa propre haine. Si la première scène vous montre un homme sûr de lui, beau, séduisant, qui a réussi (un superbe appartement dans Manhattan, un job sympa) le réalisateur vous entraine rapidement de l'autre côté du miroir. Les premières minutes du film, où les spectateurs peuvent admirer la plastique (de dos et de face) de l'acteur irlandais n'ont rien de "sexy", car on comprend rapidement que Brandon est un obsédé du sexe. Son obsession lui a ôté toute vie sociale (exceptée les rares sorties avec son boss et ses collègues), son appartement est significatif : très peu de décoration, blanc, les meubles sont froids. Brandon ne pense, ne vit que pour le sexe. Il va le chercher partout, dans la rue, les bars, les call-girls, les sites pornos. Il se retrouve même dans une position délicate au travail lorsqu'on lui retire son ordinateur.

Brandon fonctionne presque comme un robot, il semble être totalement déshumanisé. Mais la vie vient parfois lui faire des clins d’œil, d'abord avec la venue de sa sœur - Sissy (Carey Mulligan), qui lui rappelle à la fois son passé (tout sauf joyeux), puis avec son coup de foudre pour une collègue de travail. On le voit soudainement éprouver à nouveau des émotions, il sourit, il pleure. Il vit. Mais son obsession le domine, prédateur sexuel, il prend soudainement conscience de sa maladie, et replonge. Comme un un drogué.

Le spectateur assiste alors à sa lente déchéance (les bars glauques, les bagarres) et cet homme si séduisant au départ devient presque monstrueux (lors d'une scène de sexe brutale). Son visage déformé par la douleur et la honte qu'il ressent ont provoqué chez moi quelque chose d'inattendu : je l'ai trouvé soudainement laid et pathétique. Michael Fassbender a su parfaitement montré la complexité de cet homme, sûr de lui et séduisant mais qui vit réellement dans la honte.  Honteux d'avoir sa vie entière contrôlée par ses obsessions sexuelles. Impossible de ne pas ressentir de l'empathie pour cet homme. Un vrai tour de génie de la part de Steve McQueen et de Fassbender. Lors de cette scène, on aperçoit "le monstre" - tel qu'il s'imagine l'être.

Sa sœur, qu'il se refuse à voir - est l'élément déclencheur de sa prise de conscience. Désenchantée, dépressive, elle vivote de petits boulots de chanteuse. Sissy est en manque d'amour et d'assurance et s'amourache du premier venu. Tous les deux sont se ressemblent dans leur incapacité d'avoir des relations normales avec les autres. Leurs scènes communes sont intenses et magnifiques. Chacun repoussant violemment l'autre, car il lui rappelle sa propre vérité, mais chacun désespérément accroché à l'autre car c'est l'unique relation "d'amour" qu'ils connaissent.



Le génie cinématographique de McQueen a été d'associer la ville américaine à leur histoire.  Il montre une New York ogresse qui dévore ses habitants, froide, tentaculaire. La ville, filmée magnifiquement est une caisse où résonne la solitude de Brandon et Sissy. Ajouter la sublime musique du compositeur Harry Escott qui accompagne magnifiquement le personnage de Brandon (son jogging en pleine nuit par exemple permet au spectateur de découvrir une autre facette de cette mégalopole).

L'une des plus belles films du film est sans doute celle du club où Sissy vient chanter "New York New York". Il faut se laisser porter par sa voix et par l'émotion brisée de Brandon. La ville y est à cet instant-là, comme le fait remarquer un personnage "magnifique".

Aussi, s'il y a de nombreuses scènes de sexe, je n'en suis pas ressortie émoustillée car j'ai assisté ici à la manifestation de la souffrance d'un homme. Attention, si certaines scènes de sexe sont crues,  on ne bascule jamais dans le porno.  A noter l'interprétation différente selon les spectateurs de la dernière scène du film, je dirais moi qu'il y a ici une note d'espoir. Je veux y croire ;)

Côté acteurs, ils sont tous très bons, Michael Fassbender est sublime, sa transformation est impressionnante, et oui, il est parfaitement à l'aise avec son corps (mais bon difficile de ne pas l'être quand on est "foutu comme lui"), mention spéciale à Carey Mulligan qui depuis Drive me surprend. Je l'avais aimée dans An Education, mais là elle m'a vraiment bluffée. Elle se lâche vraiment. J'ignorais ses talents de chanteuse, franchement les rôles borderline lui vont magnifiquement.

Enfin, une petite note positive pour l'acteur qui interprète le boss et meilleur ami de Brandon, David. Il s'agit de mon tendre James Badge Dale, le héros de la série The Pacific, dont je vous ai parlé à plusieurs reprises. Décidément ! Il est vraiment séduisant même si ici, il campe le rôle d'un con (mais pas si con, car je le soupçonne de savoir la vérité au sujet de son ami et il est le seul à l'accompagner dans sa vie). Mais j'ai vraiment craqué pour cet acteur et j'étais ravie de voir qu'il avait été remarqué par le réalisateur britannique. Le casting était donc impeccable.

Je vais sans doute acheter dès ce soir ou demain la musique du film. Shame est un film troublant, dérangeant, qui montre la solitude et le désespoir de ces personnes atteintes de cette maladie, maladie qui les isole de toute vie sociale et surtout amoureuse. C'est un très beau film.

PS : j'avoue que lorsque je lis le nom de Steve McQueen, c'est toujours son célèbre homonyme qui me vient en tête, alors une petite photo pour le plaisir et pour finir sur une note plus gaie ;)




4 commentaires:

  1. Surtout que le réalisateur n'a aucune ressemblance physique avec l'acteur!!!
    J'aimerais bien voir le film mais il faut que je trouve le temps ce qui n'est pas du tout gagné...
    Mais pourquoi a-t-il fallu qu'on trouve de l'amiante pile à l'endroit de remplacement de mon ciné en travaux????

    RépondreSupprimer
  2. Oui, j'ai failli d'ailleurs ajouter une photo de lui ! C'est vrai que tu n'as pas de chance avec ton histoire d'amiante, méchant souvenir du passé ! J'espère que tu trouveras le temps de voir le film.

    RépondreSupprimer
  3. Haaaaaa je me meurs avec la photo de fin !! Comme toi à chaque fois que j'entends le nom du réalisateur (que j'aime bien en plus) j'ai un pincement au coeur !!
    Et ce film, je vais le voir fissa, parce que love Carey Mulligan et M.Fassbinder !

    RépondreSupprimer
  4. Oui, moi aussi. Pas mal d'associer Fassbender et McQueen ! Je viens de regarder Le Cercle, les avis sont très partagés concernant Shame, seule Marie Sauvignon a interprété le film comme moi ! Tu me diras ce que tu en penses. Les autres y vont vu un film moralisateur et lui reproche de ne pas voir le personnage "prendre du plaisir", bref à voir ! Enfin, ils reconnaissent qu'il faut le voir et la réalisation est excellente. Bon film ;)

    RépondreSupprimer