Le titre du roman de Delphine de Vigan est inspiré d'une chanson d'Alain Bashung, Osez Joséphine. Je me souviens du clip vidéo, je trouvais la jeune femme sublime. Comme celle qui figure en couverture de ce livre, Lucile.
Osez osez
Osez osez
Osez osez Joséphine
Osez osez Joséphine
Plus rien n's'oppose à la nuit
Rien ne justifie
Osez osez
Osez osez Joséphine
Osez osez Joséphine
Plus rien n's'oppose à la nuit
Rien ne justifie
Je n'avais lu aucun des livres de Delphine de Vigan avant d'entamer la lecture de Rien ne s'oppose à la nuit. Je pense, que comme beaucoup de personnes, j'ai été attirée principalement par la jeune femme sur la couverture, que j'ai trouvé sublime (j'ai cru ensuite que cette photo était une image publicitaire, pour découvrir la vérité à la fin du livre). Et puis évidemment la quatrième de couverture, qui a eu un écho à ma propre vie :
« La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. [...] Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. ».
« La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. [...] Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. ».
Depuis le roman a fait son bonhomme de chemin, est devenu best-seller, et moi j'étais dans une période off côté lecture. Comme pour tout, je connais de véritables crises boulimiques, où je peux lire une vingtaine de livres en un mois, puis comme aujourd'hui être incapable d'ouvrir le moindre livre pendant deux mois. Généralement, cela est lié à une période professionnelle difficile (ce qui fut le cas, débordée et fatiguée), sans que je ne cesse de rêver de livres, de lectures. Delphine de Vigan m'a remis le pied à l'étrier. J'ai commencé ma lecture le vendredi soir, pendant une demi-heure, puis le samedi matin, pendant plus de deux heures. Je l'ai fini le dimanche matin, occupée ailleurs pendant ce laps de temps.
Il m'est difficile d'écrire un billet sur ce livre, j'ai aussi un autre livre, que j'ai dévoré lors d'un voyage et qui par ses propos, son sujet, et l'amour que je lui porte, me rende la tâche d'écrire très difficile ! Mon objectivité a totalement disparu, le thème du précédent livre n'a aucun lien personnel avec ma propre vie (il aborde les cas de multiple personnalités) mais j'ai sans doute peur de ne pas être suffisamment claire et me laisser emporter par mes émotions, comme pour mon livre préféré, cité dans mon blog mais dont je suis incapable d'écrire une critique.
Pour Rien ne s'oppose à la nuit, j'ai eu envie de lire le livre, comme j'ai dévoré celui de Justine Lévy, Mauvaise fille. Tous deux abordent le même thème : une mère instable, et la relation mère-fille très particulière. Une relation qui semble guider vos pas enfant et vous poursuivre toute votre vie. Je le tiens à préciser, même si ma mère ne lit pas mon blog, cette dernière n'a jamais été internée, ni sous traitement psychiatrique. Même si, pendant deux longues périodes, elle a été rongée par la dépression. Et dans ces témoignages, je retrouve ce sentiment présent de solitude, presque d'abandon, vécu par les enfants, leurs filles - et leur acharnement à être aimées par leur mère.
Aujourd'hui j'ai la chance de vivre de nouveau de très bonnes relations avec ma mère. Pour refermer cette parenthèse, j'ajouterais que le suicide et la psychiatrie font également partie de mes gênes. J'espère, comme l'auteur, que l'hérédité aura la gentillesse de sauter plusieurs générations ! Je pense également à mes amies, qui même à un âge adulte avancé (la trentaine, fin de quarantaine, début de cinquantaine) ne cessent de parler de leur mère, leurs relations passées ou actuelles, conflictuelles ou apaisées. Ainsi, nos parents occupent nos pensées longtemps après notre "envol" vers la vie d'adulte.
Delphine de Vigan livre un témoignage fort, mais terriblement juste. J'aime la manière dont elle s'accorde des pauses "narrateur". Où elle témoigne de ses périodes troubles, où l'inspiration lui manque, où lorsqu'elle connait des blocages, elle a ouvert la boîte de Pandore - elle a osé demandé aux ami(e) et frères et sœurs de sa mère de la raconter, et ainsi de raconter leur propre histoire. Ils ont accepté de se livrer, pour un résultat, disons-le, édifiant.
Lorsque Delphine de Vigan raconte le travail de funambule qu'elle accomplit en écrivant ces lignes, tente de raconter les premières années de Lucile, sa mère, éprouver et détailler les sentiments qui l'habitaient mais en gardant en même temps une distance nécessaire, et en restant au plus proche de la vérité. Petite fille subliment belle (on en a la preuve) Lucile grandit dans une fratrie où une caméra de télévision vient filmer "une grande famille (7 enfants) où l'on vit dans le bonheur et la confiance". Évidemment la vérité est toute autre, et en fouillant dans le passé de sa mère, puis en racontant la deuxième partie (ses propres souvenirs), on découvre une autre Lucile, adulte. Malade, enfermée, sous médicaments, absente, dépressive, et l'auteur, condamnée à grandir trop vite et à s'occuper de sa mère comme d'un enfant, celle-ci faisant plusieurs rechutes.
Je vous avais prévenu, je suis incapable d'écrire sur un livre que j'ai tant aimé ! Mon billet doit vous donner une image très triste du roman, alors que c'est l'inverse. Il y a aussi de bons moments, et on se reconnaît tous dans ces relations frères/sœurs, ou lors des grandes tablées pour des fêtes ou des funérailles. Et le temps qui passe. Pour ceux qui comme moi, reconnaitront leurs propres familles (j'ai eu parfois l'impression qu'elle avait voler mes mots, mes souvenirs) ce roman sera parfois difficile à lire, mais libérateur et finalement si universel. Pour les autres, dont la vie de famille a été au contraire comme un long fleuve tranquille, il sera comme une plongée dans une abysse, et leur permettra peut-être de mieux comprendre leurs proches.
Delphine de Vigan n'a pas été brisée par son histoire. Elle a juste voulu mettre des mots sur des silences. Delphine de Vigan est une enfant résiliente, elle a fondé une famille, trouvé un job, puis commencé à écrire, avant d'entamer cette biographie très personnelle. Si au fond, je me jette sur ces romans, c'est que j'ai eu longtemps l'envie de raconter ma propre famille, mais je n'ai jamais osé sauter le pas, et je la remercie, de faire ce travail pour moi, en quelque sorte.
Ne vous méprenez pas, ce livre est tout sauf une histoire guimauve ou à faire pleurer dans les chaumières. D'ailleurs, je n'aime pas le pathos, et je ne déteste rien de plus que les personnes qui excusent leur comportement en utilisant leur enfance difficile. Aussi, je vous rassure, le roman de Delphine de Vigan n'est pas une longue plainte, mais au contraire un hommage à sa mère, sa famille et un témoignage d'amour pour une femme unique, Lucile.
Delphine de Vigan vous fera aimer Lucile - une femme magnifique, brisée très tôt par la vie, mais qui a toujours lutté, malgré la maladie, ainsi les efforts qu'elle a multipliés tout au long de son existence m'ont impressionnés. Vous ne pourrez plus reposer le livre, une fois ouvert, alors n'hésitez pas !
Ben voilà le petit élan pour apparaître sur ma liste de suggestion de cadeaux de Noël... Merci:)
RépondreSupprimerDe rien ! Je me relis et je n'aime pas ce que j'ai écrit, je voulais juste dire que j'ai beaucoup aimé le livre.
RépondreSupprimerVous avez repompé l'article sur le blog d'Océane ? :D
RépondreSupprimerMdr car je ne l'ai pas lu ! D'ailleurs j'avais prévenu Océane que je ne le lirais pas son billet avant la fin de ma lecture et résultat je ne l'ai jamais lu mais je vais m'empresser de le faire à présent ! Je ne pompe jamais les autres critiques pour votre info ;) De plus ce livre m'a touché personnellement d'où ce billet très subjectif qui n'est pas mon meilleur (comme je le dis). Je suis donc très curieuse de de lire Océane.
RépondreSupprimerLu ! Je ne vous rien de commun si ce n'est citer Bashung et parler de la photo ( 2 explications données par l'auteur à la fin du livre et moi je croyais à une image pub). Océane écrit tellement mieux ! Les mots noir-bleu et faille, et sa compréhension du livre sont diffèrentes. Elle s'identifie plus à Lucile alors que moi c'est l'inverse. Non je n'ai rien pompé mais j'aurais du ! En tout cas, ainsi j'ai pu lire le billet ;)
RépondreSupprimerTu sais que j'ai adoré :) Merci pour ton regard !
RépondreSupprimer@Océane : merci et ouf ! J'avais peur qu'on ait écrit les mêmes phrases, mais non! L'accroche (une expression à moi) de nos billets est identique (la photo et la référence à Bashung) mais pas si surprenante.
RépondreSupprimerEt puis, j'aurais été vraiment stupide de plagier une de mes blogueuses préférées qui lit mon blog en plus LOL
Tu l'as peut-être vu dans ma critique mais j'ai moi aussi beaucoup aimé ce livre, qui m'a touchée évidemment. Je te conseille en particulier "No et moi" et "les heures souterraines" de la même auteure, des livres très différents mais tout aussi puissants. Bonne lecture! ;o)
RépondreSupprimerJ'ai vu le film "No et moi", je suis plus attirée par "Les heures souterraines". Tu lis beaucoup dis-donc, je veux lire Freedom de Franzen, mais faut-il qu'on me l'offre ;)
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