Qui n'a pas entendu parler du livre ? Puis du film ? J'ai découvert le livre assez tard, bizarrement car j'ai déjà lu du Kazuo Ishiguro. Les premières critiques étaient dithyrambiques, puis en grattant un peu, j'ai également découvert des commentaires moins flatteurs. Mais la sortie du film annoncé, avec Carey Mulligan et Keira Knightley m'ont poussé à acheter le livre, pour le lire avant la sortie cinématographique.
J'ai acheté le livre en anglais, et je me suis lancée. Je connaissais le secret de Hailsham avant de lire le livre, un tort sans doute. Si les premiers chapitres m'ont plu comme la description de ce pensionnat très spécial, la relation élèves-professeurs, leurs collections d'art et le mystère de la galerie, bref j'étais assez emballée. Puis, plus rapidement que je ne l'avais prévu, l'enseignante révèle la destinée de ces enfants à part. Et encore plus rapidement, on plonge dans un autre livre. L'histoire est racontée par une des anciennes élèves d'Hailsham - Kath, qui a 31 ans et se souvient de toute son enfance, adolescence et le départ d'Hailsham, pour les Cottages - un autre lieu où les jeunes adultes attendent d'être "appelés pour remplir leurs missions". C'est venu assez insidieusement, mais je me suis peu à peu éloignée d'elle, et la distance n'a cessé de grandir.
Kath avait comme meilleure amie Ruth, et aimait secrètement le jeune Tommy, le souffre-douleur des autres élèves. Mais c'est Ruth qui finit par sortir avec Tommy. Les trois amis sont envoyés ensemble aux Cottages. Kath se rappelle (très bien, trop bien ?) de sa rencontre avec Tommy, de leurs conversations (ils avaient 11 ans), de celles avec Ruth. Qu'importe me direz-vous, mais la narratrice possède un don particulier : elle est capable d'interpréter chaque geste et attitude de ses amis, même enfant, elle sait ce qui fait agir et réagir ses compagnons. Le regard qu'elle pose sur eux a fini par m'irriter. Un regard qui se veut à la fois nostalgique et compatissant, mais qui pour moi ressemblait à de la condescendance. Ruth est une mythomane, non c'est juste une enfant qui préfère s'inventer un monde où elle a enfin le contrôle de sa vie, une vie belle mais Kath en est incapable. Même enfant, elle vit profondément dans la réalité, elle préfère ne pas penser à leur avenir prédestiné, mais n'arrive pas non plus à rêver à une autre vie.
Peu à peu, je me suis reconnue de plus en plus dans le personnage de Ruth et moins dans celui de Kath. La gentille Kath, la parfaite Kath, qui aide les plus démunis, protège Tommy, aime Tommy mais laisse sa meilleure le lui voler. Kath, la narratrice est la victime des sordides manipulations de sa meilleure amie. Je parlerai du film ensuite, car il diffère sur certains aspects, mais dans le livre, elle analyse chaque souvenir avec le regard d'un psychiatre. Kath vit dans le passé et préfère supporter depuis des années le couple Tommy-Ruth que de mener sa propre vie. A aucun moment, elle ne se rebelle, ne remet en cause son avenir (comme une "carer", accompagnatrice puis donneuse d'organes) ou ne cherche à profiter pleinement des quelques années qui lui sont accordées.
Je n'ai pas lâché le livre en croyant que cette analyse freudienne finirait par s'arrêter, lorsque le film est sorti. Je suis donc allée le voir le film, sans avoir fini le livre.
J'aime beaucoup Keira Knightley et Carey Mulligan, les revoir ensemble (après "Orgueils & Préjugés") m'intéressait. J'avais découvert Andrew Garfield dans "The social network" et j'avais aimé son interprétation. Le film n'était pas diffusé dans mon cinéma habituel, j'ai donc payé le prix fort. Je suis heureuse de l'avoir vue en v.o cependant. Le réalisateur a fortement adapté le livre, la première partie (la plus importante) centrée sur leur enfance à Hailsham avec une Charlotte Rampling parfaite en tant que Directrice est agréable à suivre. Les personnages sont des enfants, le petit Tommy est adorable. Kath a déjà ce côté "assistante sociale" qui protège ce garçon et supporte les sautes d'humeur de Ruth, et la suit dans ses jeux d'enfant. Lorsqu'ils partent vivre dans les Cottages, le réalisateur change quelques éléments. Mais je comprends : une adaptation cinématographique nécessite toujours ce genre de choses. Le film reste cependant plutôt tristounet, et quelque part sans surprise. Même si j'ignorais la fin de l'histoire, rien ne m'a surpris. Le décès de Ruth est réglé en deux secondes, la fin est presqu'hollywoodienne : les deux amoureux se retrouvent enfin, même si leurs espoirs sont vite éteints (on s'en doutait), et la fin : Kath se retrouve seule et accepte cet état de fait.
Le réalisateur a su montrer l'absence de rébellion chez la jeune femme. La scène lorsque Ruth lui reproche son incapacité à s'ouvrir aux autres, à enfin vivre les quelques années qui lui restent de façon productive est très importante. Comme lorsque le réalisateur la montre chez elle, quelques années après, devenue accompagnatrice qui vit seule - coupée des autres et semble très bien s'en accomoder. Elle accepte son sort, et si elle espère obtenir ce sursis promis aux amoureux, elle n'entre jamais en colère contre son sort, comme Tommy.
J'ai acheté le livre en anglais, et je me suis lancée. Je connaissais le secret de Hailsham avant de lire le livre, un tort sans doute. Si les premiers chapitres m'ont plu comme la description de ce pensionnat très spécial, la relation élèves-professeurs, leurs collections d'art et le mystère de la galerie, bref j'étais assez emballée. Puis, plus rapidement que je ne l'avais prévu, l'enseignante révèle la destinée de ces enfants à part. Et encore plus rapidement, on plonge dans un autre livre. L'histoire est racontée par une des anciennes élèves d'Hailsham - Kath, qui a 31 ans et se souvient de toute son enfance, adolescence et le départ d'Hailsham, pour les Cottages - un autre lieu où les jeunes adultes attendent d'être "appelés pour remplir leurs missions". C'est venu assez insidieusement, mais je me suis peu à peu éloignée d'elle, et la distance n'a cessé de grandir.
Kath avait comme meilleure amie Ruth, et aimait secrètement le jeune Tommy, le souffre-douleur des autres élèves. Mais c'est Ruth qui finit par sortir avec Tommy. Les trois amis sont envoyés ensemble aux Cottages. Kath se rappelle (très bien, trop bien ?) de sa rencontre avec Tommy, de leurs conversations (ils avaient 11 ans), de celles avec Ruth. Qu'importe me direz-vous, mais la narratrice possède un don particulier : elle est capable d'interpréter chaque geste et attitude de ses amis, même enfant, elle sait ce qui fait agir et réagir ses compagnons. Le regard qu'elle pose sur eux a fini par m'irriter. Un regard qui se veut à la fois nostalgique et compatissant, mais qui pour moi ressemblait à de la condescendance. Ruth est une mythomane, non c'est juste une enfant qui préfère s'inventer un monde où elle a enfin le contrôle de sa vie, une vie belle mais Kath en est incapable. Même enfant, elle vit profondément dans la réalité, elle préfère ne pas penser à leur avenir prédestiné, mais n'arrive pas non plus à rêver à une autre vie.
Peu à peu, je me suis reconnue de plus en plus dans le personnage de Ruth et moins dans celui de Kath. La gentille Kath, la parfaite Kath, qui aide les plus démunis, protège Tommy, aime Tommy mais laisse sa meilleure le lui voler. Kath, la narratrice est la victime des sordides manipulations de sa meilleure amie. Je parlerai du film ensuite, car il diffère sur certains aspects, mais dans le livre, elle analyse chaque souvenir avec le regard d'un psychiatre. Kath vit dans le passé et préfère supporter depuis des années le couple Tommy-Ruth que de mener sa propre vie. A aucun moment, elle ne se rebelle, ne remet en cause son avenir (comme une "carer", accompagnatrice puis donneuse d'organes) ou ne cherche à profiter pleinement des quelques années qui lui sont accordées.
Je n'ai pas lâché le livre en croyant que cette analyse freudienne finirait par s'arrêter, lorsque le film est sorti. Je suis donc allée le voir le film, sans avoir fini le livre.
J'aime beaucoup Keira Knightley et Carey Mulligan, les revoir ensemble (après "Orgueils & Préjugés") m'intéressait. J'avais découvert Andrew Garfield dans "The social network" et j'avais aimé son interprétation. Le film n'était pas diffusé dans mon cinéma habituel, j'ai donc payé le prix fort. Je suis heureuse de l'avoir vue en v.o cependant. Le réalisateur a fortement adapté le livre, la première partie (la plus importante) centrée sur leur enfance à Hailsham avec une Charlotte Rampling parfaite en tant que Directrice est agréable à suivre. Les personnages sont des enfants, le petit Tommy est adorable. Kath a déjà ce côté "assistante sociale" qui protège ce garçon et supporte les sautes d'humeur de Ruth, et la suit dans ses jeux d'enfant. Lorsqu'ils partent vivre dans les Cottages, le réalisateur change quelques éléments. Mais je comprends : une adaptation cinématographique nécessite toujours ce genre de choses. Le film reste cependant plutôt tristounet, et quelque part sans surprise. Même si j'ignorais la fin de l'histoire, rien ne m'a surpris. Le décès de Ruth est réglé en deux secondes, la fin est presqu'hollywoodienne : les deux amoureux se retrouvent enfin, même si leurs espoirs sont vite éteints (on s'en doutait), et la fin : Kath se retrouve seule et accepte cet état de fait.
Le réalisateur a su montrer l'absence de rébellion chez la jeune femme. La scène lorsque Ruth lui reproche son incapacité à s'ouvrir aux autres, à enfin vivre les quelques années qui lui restent de façon productive est très importante. Comme lorsque le réalisateur la montre chez elle, quelques années après, devenue accompagnatrice qui vit seule - coupée des autres et semble très bien s'en accomoder. Elle accepte son sort, et si elle espère obtenir ce sursis promis aux amoureux, elle n'entre jamais en colère contre son sort, comme Tommy.
Kath, Ruth and Tommy |
C'est sans doute la raison qui m'a empêché de m'identifier à elle, avec sa tendance à analyser chaque comportement chez les autres et son obsession à ne vivre que dans le passé (sans doute due à l'absence d'avenir, pourtant elle est l'une des dernières à devenir donneuse) - moi, qui aime tant la liberté, le dépassement de soi, j'ai été incapable de m'attacher à elle. J'ai déjà vu des films sur le thème des clones, ou de ceux créés pour servir les êtres humains, un de mes films préférés est d'ailleurs basé sur ce thème : Blade Runner (que je recommande fortement) où les clones, même conscients d'être condamnés se rebellent. Ainsi, le fait qu'elle soit restée toujours dans la même attitude m'a perturbé.
Je n'ai pas fini le livre, je le finirais sans doute cet été. Le film est passé rapidement, je lui reproche un côté un peu trop mélodramatique, et je n'ai pas aimé l'interprétation d'Andrew Garfield ou son personnage, j'ignore pourquoi, un peu trop pleurnicheur, qui reste très enfant, incapable de quitter Ruth pour Kath, ou lorsqu'ils sont enfin séparés est incapable d'aller la retrouver.
Côté interprétation, Keira Knightley montre, après "Last night" à quel point elle a mûri, elle expliquait qu'elle était heureuse d'obtenir le rôle de Ruth et non celui de Kath et elle a eu raison : elle peut parfaitement jouer les filles menteuses et orgueilleuses. C'est une très bonne actrice comme Carey Mulligan - aucune n'éclipse l'autre.
Je n'ai pas fini le livre, je le finirais sans doute cet été. Le film est passé rapidement, je lui reproche un côté un peu trop mélodramatique, et je n'ai pas aimé l'interprétation d'Andrew Garfield ou son personnage, j'ignore pourquoi, un peu trop pleurnicheur, qui reste très enfant, incapable de quitter Ruth pour Kath, ou lorsqu'ils sont enfin séparés est incapable d'aller la retrouver.
Côté interprétation, Keira Knightley montre, après "Last night" à quel point elle a mûri, elle expliquait qu'elle était heureuse d'obtenir le rôle de Ruth et non celui de Kath et elle a eu raison : elle peut parfaitement jouer les filles menteuses et orgueilleuses. C'est une très bonne actrice comme Carey Mulligan - aucune n'éclipse l'autre.
Les retrouvailles (Keira knightley, Carey Mulligan et Andrew Garfield) |
Je suis déçue de ne pas, comme tant de lectrices, être tombée folle amoureuse du livre puis du film. Je lis tant de billets, et certaines amies ont adoré le livre et aujourd'hui le film. Peut-être qu'avec le temps, mon regard changera. Je ne désespère pas !
Et vous ?
Et vous ?
Bon... J'achète le livre ou pas??? J'irai voir le film si il passe dans mon petit ciné.
RépondreSupprimerLà, je ne sais que te répondre, il est quand même bien écrit, et l'histoire est intéressante. Mon avis est comme toujours très subjectif, enfin je ne regrette pas le film - il a un côté doux-amer que j'ai aimé ! Tout le monde a aimé les deux, je suis la minorité.
RépondreSupprimerC'est juste un des meilleurs romanciers qui soit ! Des petits bijoux, et moi qui ne suis pas fan de ciné contemporain, quand il s'agit de ses adaptations, je fonce !
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerJ'avais lu "When we were orphans" et j'avais aimé. Je ne remets pas en doute son talent d'écrivain, mais c'est la narratrice et son jugement perpétuel qui a fini par me lasser. Sinon, comme je le dis, la première partie du livre m'a plu. J'ai aussi préféré le film ! J'attends ton avis ;)
RépondreSupprimerJ'ai commencé le livre vendredi, au début je n'accrochais pas vraiment puis au fur et à mesure l'air de rien je me suis laissée prendre par l'histoire au point de lire même pour 10 minutes de trajet dans les transports en commun, l'auteur est doué!
RépondreSupprimerJ'ai acheté le livre vendredi, fini aujourd'hui. J'ai eu du mal à accrocher au début mais au fur et à mesure j'ai été prise par l'histoire et je ne me suis plus arrêtée (notamment grâce à un pb de RER ce matin ;-)). J'imaginais aisément les acteurs pendant que je lisais, les rôles ont été bien distribués. Je viens de regarder le programme de mon petit ciné et il n'y passe pas encore bouhhhhh
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