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01 février 2011

The way back (Les Chemins de la Liberté)

The way back ou Les Chemins de la Liberté est le dernier film réalisé par Peter Weir, un de mes réalisateurs préférés. Inspirée d'une histoire vraie, il raconte l'histoire de six échappés du goulag en 1941 qui vont parcourir plusieurs milliers de kilomètres pour gagner leur liberté.  Je suis allée le voir samedi dernier.

D'abord, un petit rappel sur l'œuvre de Peter Weir, réalisateur australien célèbre, il tourne peu mais il tourne bien, voici quelques unes de ses plus célèbres réalisations, d'abord son premier succès américain Living Dangerously (L'année de tous les dangers)** 1982 avec Mel Gisbon et Sigourney Weaver, dans un film d'action sur fond de guerre civile en Indonésie - puis Witness (***), où Harrison Ford campe un policier chargé de protégé un jeune garçon dans la communauté Amish - Mosquito Coast (****) où Peter Weir retrouve Harrison Ford dans un de ses meilleurs rôles, avec le regretté River Phoenix. Un de mes films préférés.  Puis en 1989 un de ses plus grands succès, récompensé d'un Oscar : Dead Poets Society (Le Cercle des Poètes disparus****), j'étais ado et ce film m'a beaucoup touchée. Le moins connu Fearless (État second) avec le génialissime Jeff Bridges. Plus récemment, The Truman Show, que j'ai aussi beaucoup apprécié avec un Jim Carrey émouvant (**). Avec Master and Commander en 2003, Peter Weir remonte le temps et nous offre un film magnifique et une excellente interprétation (ps : je suis fan de Russel Crowe). Puis Peter Weir s'est offert une pause, et nous revient ces jours-ci avec The way back.

En étudiant sa filmographie, on comprend que Peter Weir est fasciné par l'être humain,  il aime propulser son héros dans des situations où il va perdre tous ses repères et où il devra puiser dans toutes ses ressources pour surmonter les obstacles. Qu'il adapte le récit de ses survivants n'est donc pas surprenant de sa part.

Pour information, l'histoire de ces échappés du goulag est inspiré du livre de Slavomir Rawicz "The long walk : the true story of a trek to freedom" (La longue marche : l'histoire véridique d'une randonnée pour la liberté).  Le livre est polémique, car Slavomir Rawicz a déclaré avoir fait partie de cette odyssée, mais beaucoup de faits remettent en doute son témoignage, principalement celui-ci : son nom figurait sur la liste des prisonniers libérés par les alliés à la fin de la guerre. Mais l'histoire serait vraie. Slavomir Rawicz aurait appris l'évasion de ses hommes pendant son internement. L'histoire raconte comment plusieurs prisonniers décident de tenter leur chance en fuyant le goulag pour rejoindre la Mongolie, puis le Tibet pour gagner l'Inde, seul pays allié en temps de guerre.

Peter Weir n'a pas souhaité alimenter la polémique, il a donc changé les noms, et les raisons personnelles qui ont amené les héros au goulag. Maintenant, passons au film.

De gauche à droite : Ed Harris, Jim Sturgess, Colin Farrell, Gustaf Skarsgard, Saoirse Ronan, Dragos Bucur caché par Alexandru Potecean

Le casting d'abord, Peter Weir s'est entouré de quelques acteurs célèbres : Jim Sturgess, Ed Harris et Colin Farrell, et de seconds rôles presque inconnus mais dont j'ai voulu absolument connaître le nom à la fin du film. 
 

Le casting est international car les réfugiés étaient eux-mêmes de nationalités différentes, Jim Sturgess interprète le rôle principal, celui d'un militaire polonais Janusz, entouré de deux compatriotes Kazik et Tomasz (que j'ai beaucoup aimé, il est joué par un roumain Alexandru Potecean), d'un Letton nommé Voss (l'excellent Gustaf Skarsgård, suédois comme vous l'aurez deviné), d'un Yougoslave Zoran (Dragos Bucur, acteur roumain), d'un américain M.Smith (Ed Harris, dont le visage devient avec le temps fascinant) et enfin d'une jeune femme Irena (Saoirse Ronan, très jeune actrice 16 ans, vue dans Lovely Bones) et pour finir Valka, un malfrat russe interprété par Colin Farrell. 


M.Smith et Irena
J'ai vu le film en vo, il est en plusieurs langues, polonais, russe, letton et enfin en anglais lorsque les fuyards discutent entre eux. Ils ont tous un accent, excepté Ed Harris, mais qui parle couramment russe dans le film et Colin Farrell qui adopte un accent russe assez fort mais chante dans un russe parfait dans une très jolie scène du film. Sans oublier Jim Sturgess qui parle dans les trois langues. Honnêtement, je n'ai eu aucun mal à croire que chacun était ce qu'il disait être, évidemment Colin Farrell reste Colin Farrell, mais contrairement à ce que j'ai pu lire ci et là, j'ai beaucoup aimé son interprétation.

Je suis allée voir le film, juste après avoir vu la critique dans l'émission Le Cercle sur Canal + et ils n'ont pas été tendre avec ! Encore moins avec Colin Farrell. Mais je peux dire que fort heureusement, le film a balayé toutes mes appréhensions et toutes leurs critiques ! J'ai beaucoup aimé le film. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, et toutes les personnes présentes ont été émues (tous les personnages ne survivront pas à cette odyssée) et la salle n'a pu réprimer un "oh" en découvrant les paysages du film.

J'ignore le nom des critiques, mais l'un d'eux s'en est pris plus particulièrement à Colin Farrell. Car Colin a le corps recouvert de tatouages, et pour lui l'acteur se contente "d'exhiber ses tatouages", j'ai trouvé sa remarque ridicule, et teintée d'un soupçon de jalousie. Ils le trouvent peu crédible - j'avoue que Colin Farrell peut complétement rater une interprétation mais l'acteur irlandais peut aussi être convaincant. Il joue le rôle de Valka, un Urik - membre des gangs mafieux et fascistes russes, son corps est  donc logiquement recouvert de tatouages, comme tous les autres. Il est violent, impétueux, irascible et Peter Weir ne tente jamais de lui racheter une âme. J'ai envie de répondre aux critiques : ils n'ont jamais mis les pieds en prison aux USA, Mexique ou en Russie, ou les membres des gangs latinos, néo-nazis, etc. ont leurs corps recouvert de tatouages, signes de leur appartenance au gang ou témoignages de leur "succès". Ils n'ont qu'à voir un de mes films préférés, Sin Nombre, sur les gangs mexicains pour se cultiver un peu ;-)

Un autre critique n'aime pas les "films à paysages", sa place n'était donc pas dans la salle. Car après les acteurs, l'autre attrait principal de cette odyssée sont ces paysages extraordinaires : la Sibérie, le lac Baïkal, le désert de Gobi, l'Himalaya. On en prend plein la vue, et moi j'ai adoré. C'est pour cela que le film a toute sa place sur grand écran, lorsque les héros arrivent en Mongolie, ils s'arrêtent paralysés par ce qu'ils ont devant eux : le plus grand désert au monde, le désert de Gobi. Et croyez-moi, tous les spectateurs (moi y compris) n'avons pu retenir un "oh" d'admiration et d'appréhension pour l'épreuve qui attend nos personnages, rendus attachants par le réalisateur.


Janusz alias Jim Sturgess

Un autre critique en a eu marre de voir "les héros avoir chaud, puis froid, puis chaud" bref de souffrir ! Remarque que j'ai trouvé tellement stupide (ce critique ne doit donc regarder aucun film sur les camps, la guerre, etc.). Ces hommes ordinaires deviennent des héros car ils ont parcouru plus de 6 000kms affrontant le froid sibérien, le désert mongole, les montagnes himalayennes pour gagner un pays libre et leur liberté. Alors, j'avoue qu'un critique de cinéma (tel qu'il se nomme) fasse un remarque aussi stupide m'a vraiment surpris. Ces hommes vont effectivement souffrir, certains vont mourir mais leur soif de liberté est admirable.

Les thématiques du film sont simples (la survie, le dépassement de soi, la soif de liberté et l'esprit d'équipe, d'entraide) et très souvent utilisées dans les films. Il n'y a donc rien de "nouveau". Mais j'avoue que j'ai été très émue en voyant l'un de mes personnages préférés ne pas survivre, je ne m'attendais pas à réagir avec autant d'émotion. Je retiens une phrase du film, qui est malmenée et plus que galvaudée au cinéma mais qui ici prend tout son sens "Il est mort en homme libre".

Car si l'odyssée est souvent difficile et parfois presqu'impossible à regarder (leurs corps brûlés, leurs pieds décharnés), elle n'est pas plus violente que le goulag lui-même. Peu de films au cinéma se sont attachés à montrer les goulag. J'avoue qu'il est difficile d'ignorer les victimes des camps de concentration, mais il ne faut pas oublier que de 1940 à 1953 plus de 6 millions d'hommes et femmes furent déportés dans ces camps soviétiques (53 goulags et 423 camps de travail) et plus d'un 1 million n'en revinrent pas. Les conditions climatiques (la Sibérie) expliquent en grande partie le fort taux de mortalité,  le peu de nourriture, les violences (des gardiens mais aussi au sein des prisonniers) sans oublier les conditions de travail qui étaient inhumaines. Peter Weir résume tout lorsque Janusz arrive au camp : nul besoin de barbelés, personne ne peut survivre au climat et aux bêtes sauvages.

Une des images qui m'a le plus frappé

Mon avis est comme toute opinion, purement subjectif et personnellement j'ai toujours aimé les films sur le dépassement de soi et ces hommes-là nous ont prouvé que l'être humain peut accomplir des miracles pour être libre.  De plus ici, ce sont des anonymes qui le temps de cette épopée vont devenir des êtres extra ordinaires pour retomber ensuite dans l'anonymat. Un film optimiste qui m'a fait beaucoup de bien.




J'ai aussi apprécié le jeu de chaque acteur, tous parfaits (même ceux dans le camp), et la musique de film est superbe. J'avais écrit récemment sur ma passion pour les musiques de films, et celle-ci est aussi pregnante que les paysages du film. Merci au compositeur, Mr. Buckhard Dallwitz. J'avoue que j'ai déjà acheté plusieurs titres (sur Amazon, non disponible sur le site de la Fnac).
Dès les premières notes, toutes les images me sont revenues.




Un grand merci à Peter Weir !




8 commentaires:

  1. j'aime beaucouop peter weir aussi. je l'ai découvert jeune ado avec witness, qui m'ascotché, puis le cercle des poètes disparus, green card, master and commander, truman show..
    j'adore aussi ses premiers films très originaux : le magnifique "pique nique à hanging rock" et l'étrange "la dernière vague"

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  2. Il faut que je revoie ceux-là ! En tout cas, je l'ai nettement préféré au dernier Eastwood.

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  3. J'ai bien aimé ce film aussi, et ce fut une surprise, je ne m'attendais pas à un traitement aussi juste et finalement aussi peu d'épanchement et de pathos. Le seul point qui m'a un peu agacé, c'est que l'on sent la patte américaine dans les discours anti-communistes! Mais c'est un détail...

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  4. Oui, et ce qui m'a aussi marqué c'est l'absence d'adieu quand M.Smith déclare juste qu'il va rejoindre un avant-poste américain, mais justement ici pas de pathos. Et pas de noms, l'histoire est apparemment véridique mais aucun n'a souhaité s'en vanter.

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  5. Je suis allée voir ce film incitée par le casting. Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, pas pour Colin , mais bien pour Dragos Bucur si A. Potoceanu (mon origine roumaine oblige). J'ai adoré. Un film vrai, presque incroyable à s'imaginer en vrai, et pourtant. Des gens aussi courageux sont des exemples et nous donnent une leçon de vie. ça laisse à méditer. "C'est pas parce que les choses sont difficiles qu'on n'ose pas, c'est parce qu'on ose pas que les choses sont difficiles".

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  6. Oui, j'ai vraiment découvert à quel point l'instinct de survie est réel ! Ce film redonne l'espoir en l'être humain. On a vraiment besoin de voir ce genre de films. Tous les acteurs étaient formidables et il y avait bien deux roumains dans le casting. Moi j'ai adoré le personnage de Tomasz ;)

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  7. Je suis Polonaise et j'etais tres heureuse d'entendre que Peter Weir, mon realisateur prefere, a fait un film inspire par notre histoire de 2GM - c'est vraiment rare que quelqu'un en parle ! Je suis allee au cinema et je trouvais le film tres beau et extremement emouvant a la fin. Mais quand je lisais des commentaires francais et anglais,je commencais a douter, est-ce que mon opinion etait objective... Merci pour ton critique, Electra ! Tu m'as donnee un peu d'espoir ;) Excusez-moi le manque d'accents (je n'ai pas de clavier francais) et les fautes linguistiques (j'y travaille, ca va etre mieux, j'espere!;))

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  8. merci beaucoup \, ton francais est excellent, et tu vois pas d accent non plus car je suis actuellement au Vietnam. Le film etait magnifique.

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