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02 décembre 2010

SIN NOMBRE

J'ai vu pour la première fois "Sin nombre" de Cary Fukunaga, réalisateur américain qui a tourné ce film au Mexique il y a un an. Le film a fait le tour de la planète et a raflé de nombreuses critiques et des prix, dont un au festival de Sundance et à Deauville. J'avais donc très envie de le voir.

L'histoire raconte la rencontre entre deux adolescents, une jeune hondurienne Sayra qui tente de rentrer illégalement aux États-Unis où son père s'est installé clandestinement. Avec son oncle et son père, ils voyagent sur le toit d'un train qui traverse tout le Mexique du Sud vers le Nord, en compagnie de centaines d'autres clandestins d'Amérique centrale, en essayant d'éviter les gangs et les policiers. L'autre adolescent est Willy, surnommé Casper par les membres du gang mexicain "La Mara" dont il fait partie, un des gangs les plus violents du Mexique.  Lors d'une virée sur ce train pour dépouiller les immigrants avec son chef Willy ne peut supporter de le voir s'attaquer à Sayra et le tue. Il ne peut à présent que fuir avec Sayra, sur ce train de la liberté. Mais la réalité va les rattraper.


Honduran teenager Sayra reunites with her father, an opportunity for her to potentially realize her dream of a life in the U.S. Moving to Mexico is the first step in a fateful journey of unexpected events, one is her meeting with the a young Mexican gang member, Willy, alias Casper, who will end up killing his boss to save her. Both runaways, they will have to run for their lives.


Prière du gang pour la mort de l'un des leurs
Premier point, le réalisateur a travaillé pendant deux ans avec des gangs mexicains afin d'étudier leurs codes, leurs tatouages, leur langage (j'ai vu le film en v.o sous-titré en français, je comprenais bien leur langue (qui se rapproche du catalan et très éloignée du castillan) et le résultat est saisissant de vérité, et effrayant. Les meurtres y sont quotidiens. Le réalisateur a fait un travail formidable et j'ai découvert les gangs latinos, aussi dangereux que leurs cousins américains. Willy est accompagné de Smiley, un gamin (12 ans) qui le suit comme son ombre et rêve d'intégrer le gang. Seul avenir possible dans un monde où les enfants sont livrés à eux-mêmes et où la corruption règne.

 L'autre partie du film, consacrée au chemin parcouru par tous ces immigrants clandestins (en provenance du Salvador, Honduras, Costa Rica, Panama, etc.) est magnifiquement faite et réalisée. Le point de départ est la Bombilla, où tous attendent des jours durant, en dormant à même sur les rails, le train qui leur permettra de remonter tout le Mexique clandestinement. Les conditions sont horribles, et la peur au ventre, ils voyagent en rêvant d'un avenir meilleur. La plupart seront arrêtés, expulsés, vandalisés, volés par les gangs, menacés ou même tués avant d'approcher la frontière américaine. Un seul arrêt leur permet de se laver, de manger et de dormir un peu au sec, mais les gangs sont toujours présents, ainsi que la police, sans oublier les jets de cailloux des Mexicains énervés de voir leur pays envahis de clandestins.

Une bonne leçon d'histoire pour moi en particulier, qui passionnée des États-Unis sait peu de choses sur l'Amérique Centrale.

Edgar Flores alias Willy "El Casper" la révélation du film

Et puis, j'ai aussi pris une leçon magistrale de comédie, car les acteurs sont tous formidables. Il est même difficile de croire que le réalisateur ne les a pas simplement repérés dans la rue ! J'ai eu un coup de foudre cinématographique incroyable pour le jeune Edgar Florès qui interprète le rôle de Willy. Il avait déjà tourné dans un film, et non il n'appartient à aucun gang, et fait plus étrange n'est pas mexicain mais hondurien. De même que Paulina Gaitán qui interprète le rôle de Sayra est en réalité mexicaine et jeune comédienne confirmée. Un échange de nationalité bien joué. Tous les deux sont extraordinaires. Edgar Florès est "mesmerising", hypnotisant. J'étais persuadée qu'il n'était pas acteur, et qu'il s'agissait de son premier rôle, mais non.


Edgar Flores et Paulina Gaitan alias Willy "El Casper" et "Sayra"

Les images du train qui remonte le Mexique sont saisissantes, ma scène préférée est située au début, les clandestins sont tous installés sur le toit du train quand la pluie arrive. Ils sortent alors des sacs en plastique ou des bâches pour se protéger, ce que fait Sayra avec sa famille lorsqu'arrivent Lil'Mago, le chef du gang accompagné de Will "El Casper" et Smiley pour les dévaliser. Ils s'en prennent à plusieurs clandestins avant de voler le père de Sayra mais Lil'Mago (effrayant à souhait, l'acteur Tenoch Huerta est impressionnant d'inhumanité) ne se contente pas de leur argent et trouve la jeune fille "bien à son goût", il tente alors de la violer. Will ne peut le supporter et le tue, puis expulse Smiley du train. Le tee-shirt blanc couvert de sang, il va alors s'asseoir sur le bord du toit du wagon, faisant face au spectateur, mais tournant le dos aux clandestins et au sens du train. Le ciel est jaune, poudré. Une image saisissante. Je n'avais jamais vu la bande-annonce et cette scène y est ! J'ai mis la bande-annonce dans ce billet plus bas.

Will "El Casper", his girlfriend  and the gang leader "Lil'Mago"
Il s'agit d'un drame et pour avoir vu plusieurs interviews lors de son passage à Sundance, je connaissais la fin. Elle est malheureusement prévisible, sans doute la seule faiblesse de ce film,  mais la fin est fidèle à l'histoire et à la réalité. L'amour est mort avec la petite amie de Will dès le début du film, et la faucheuse n'a pas fini son travail. Je ne cache pas ma frustration de ne pas avoir eu la fin que je souhaitais (trop optimiste que je suis), mais c'est bon signe. Le signe que j'ai cru au film, aux personnages, que je me suis attachée à eux.  Un film poignant et mise en scène parfaite.

Je vous laisse avec la bande-annonce, et une petite pensée pour un autre acteur prénommé également Edgar, qui fait une belle carrière internationale et m'avait impressionnée dans "Carlos", j'ai nommé Edgar Ramirez. Il est vénézuélien (donc sud-américain) et non hondurien, mais je leur trouve une certaine ressemblance.



Après Fish Tank, je ne peux qu'être ravie de me prendre "des claques" au cinéma ! 

1 commentaire:

  1. Il faut tellement que je trouve le moyen de voir ce film, malheureusement trop d'actualité...

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